A la veille de la promulgation de la Loi de finances 2025, il sied de jeter un regard rétrospectif sur les spécificités qui ont concouru et accompagné la mise en place du budget 2024, approuvé peu de temps après le coup d‘État du 30 août 2023. Sur la base des hypothèses du cadrage macro-économique, il s’équilibrait en recettes et en dépenses à 4.162 milliards FCFA, contre 3.602,3 milliards FCFA en 2023, soit une hausse de 559,7 milliards FCFA.
Bien que transitoire, cette loi de finances 2024 a largement tranché avec la sous-déclaration des recettes et des dépenses des années précédentes. Il était toutefois peu probable qu’il permette d’atteindre les objectifs budgétaires, compte tenu des mesures d’ajustement limitées et des nouvelles initiatives en matière de dépenses. L’une des principales attentes de cette Loi de fiances consistait à ramener le déficit primaire hors-pétrole à 6% du PIB hors pétrole, contre 14% en 2023.
En ce qui concerne les recettes, le budget prévoyait quelques mesures de politique fiscale (révision des droits d‘exportation imposés aux minerais et aux produits dérivés du bois, et rationalisation de certaines incitations fiscales) et mesures d‘administration fiscale (comme la dématérialisation de la déclaration et du paiement des impôts, et la facturation électronique de la TVA). Seulement, les experts émettaient quelques doutes sur la capacité des mesures prises à produire l‘augmentation souhaitée des recettes de 16% des recettes hors pétrole en 2023 à 17,5% en 2024.
S‘agissant des dépenses, plusieurs mesures ont été adoptées dans le cadre du budget ou annoncées par la suite Ce qui, selon les estimations des services du FMI, pouvaient accroître les dépenses par rapport à 2023 et par rapport au budget. Ainsi, le gouvernement a régularisé de nombreux postes qui étaient de facto pourvus, en particulier dans les secteurs de la santé et de l‘éducation, et a annoncé d’importants recrutement en 2024, augmentant la masse salariale de 1% du PIB hors pétrole.
Les autorités ont annoncé une nouvelle série d‘exonérations fiscales sur les denrées alimentaires, les transports et les matériaux de construction, pour un coût annuel d’environ 0,6%du PIB. Après l‘adoption du budget, le gouvernement a annoncé de nouvelles initiatives, telles que l‘acquisition de deux sociétés pétrolières (Assala, la deuxième plus grande du Gabon, et Addax), la création d‘une compagnie aérienne nationale (Fly Gabon), adossée à la compagnie régionale dont l‘État est devenu actionnaire majoritaire, la création d‘une nouvelle banque de développement, la construction d‘un centre de conférence public (Cité de la démocratie) et d‘un centre administratif, l‘édification d‘un second aéroport et le rachat de la majorité des parts de l‘entreprise de télécommunications, entre autres, avec des implications budgétaires conséquentes.