Pour assoir une gouvernance économique et financière fiable et stable, le Gabon va, une fois de plus, passer par les fourches caudines du Fonds monétaire international (FMI). Cette option est soutenue par l’agence de notation Fitch Ratings sur ses récentes analyses sur le pays. Fitch Ratings appuie son analyse sur la finalisation d’un exercice de gestion du passif en monnaie locale conclue, le 28 avril 2025 par le Gabon.
L’agence de notation souligne que cet échange avait contribué à « allonger significativement » le profil d’échéance du pays. En outre, elle a permis de réduire les remboursements de la dette, d’allonger la maturité moyenne de la dette en monnaie locale et de débloquer de nouveaux financements. Fort de tout cela, le Gabon envisage désormais de nouvelles injections de liquidités en monnaie forte sous la forme d’un programme du FMI.
Fitch estime à cet effet que l’échange ne remplissait pas le deuxième critère d’un échange de dette en difficulté. La taille de l’échange de dette était faible par rapport aux besoins de financement totaux du Gabon pour 2025-2026, mais l’opération a débloqué une réduction des paiements de la dette d’environ 1,4 % du PIB en 2025 et 0,8 % du PIB en 2026.
L’agence de notation note également que les banques participantes étaient incitées à accepter l’échange car les nouveaux instruments bénéficient d’une pondération des risques de 0 % selon les règles du régulateur bancaire régional. L’échange comprenait des obligations en monnaie locale d’une valeur de 5,1 % du PIB, soit 34 % de son encours de dette sur le marché régional.
En conclusion, le Gabon a considérablement allongé le profil d’échéance de sa dette grâce à l’exercice de gestion du passif, plus de la moitié des bons éligibles étant convertis en échéances plus longues. Le pays a également débloqué de nouveaux financements d’une valeur de 3,1 % du PIB grâce à cet exercice, y compris de nouveaux prêts amortissables sur six ans.
Malgré des contraintes de liquidité dans un contexte de tension sur les marchés régionaux, l’agence de notation se montre toutefois optimiste quant à « l’amélioration des perspectives d’un programme du FMI » et à « une plus grande clarté sur l’orientation de la politique budgétaire ». Ce qui, selon elle, favorisera l’accès du Gabon au marché.
Fitch prévoit par ailleurs que le Gabon pourra renouer avec un déficit budgétaire de 2,8 % du PIB cette année, en supposant un prix du pétrole Brent de 65 dollars le baril. Sur une note plus négative, Fitch a averti que le Gabon a de mauvais antécédents en matière d’obtention de financements planifiés auprès de prêteurs extérieurs, ce qui, selon lui, est problématique dans le contexte des problèmes de liquidité persistants du pays.
Dans son scénario de référence, Fitch suppose un financement avec le FMI d’environ 3,0 % du PIB. Et qu’un accord avec le Fonds sera conclu avant la fin de l’année avec une probabilité subjective de 55 %. « Nous pensons qu’un nouvel accord avec le FMI reconnaîtra l’importance accordée par le gouvernement aux dépenses d’investissement, comme moteur important de la croissance économique, compte tenu des importants déficits d’infrastructures du pays. Ce nouveau programme avec le FMI sera probablement axé sur le rétablissement de la crédibilité budgétaire, la rationalisation des dépenses de développement et la stimulation des efforts récents du Gabon pour réduire son important stock d’arriérés de dette », renseigne-t-on.