Le Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), Antonio Pedro, a déclaré que l’Afrique subit des pertes importantes, estimées à environ 40 milliards de dollars par an, en raison des flux financiers illicites (FFI) dans le secteur extractif.
Ces pertes financières non seulement entravent les progrès du développement, mais exacerbent également les injustices économiques, privant les populations africaines d’accès aux ressources essentielles et soulignant le lien entre les FFI et la quête de justice réparatrice. Il a fait valoir que les FFI dans le secteur extractif étaient l’un des symptômes d’un grave problème structurel qui aggrave le développement de l’Afrique, à savoir sa dépendance excessive à l’exportation de matières premières, un modèle et une construction extractivistes hérités de l’époque coloniale.
Antonio Pedro a, à cet effet noté qu’exporter des matières premières revenait à exporter des emplois, un luxe que le continent ne peut se permettre compte tenu de la nécessité de créer au moins 20 millions d’emplois par an pour les jeunes. À ce titre, la lutte contre les FFI et leurs causes profondes devrait être au cœur de la politique et de l’action de développement de l’Afrique.
M. Pedro était l’un des intervenants du Dialogue politique de haut niveau (HLPD) qui s’est tenu le vendredi 30 mai 2025 à New York, pour clore la Série de dialogues africains 2025 (ADS), qui s’est déroulée sur un mois et avait pour thème « Justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine grâce aux réparations ».
Organisée par le bureau du Conseiller spécial des Nations Unies pour l’Afrique et la Mission permanente d’observation de l’UA auprès des Nations Unies, en collaboration avec diverses agences des Nations Unies, dont la CEA, cette série de dialogues est un événement annuel qui réunit des dirigeants mondiaux pour discuter des questions urgentes qui touchent l’Afrique et sa diaspora, autour du thème de l’année de l’UA.
Secrétaire exécutif adjoint de la Commission économique pour l’Afrique a également souligné qu’il est essentiel de relever ces défis cruciaux pour favoriser l’autonomie de l’Afrique et parvenir à un développement durable. Il a indiqué qu’avec l’adoption de cadres stratégiques tels que la Vision minière africaine et la stratégie africaine pour les minéraux verts, qui prônent une industrialisation axée sur les ressources et la création de valeur ajoutée, le continent dispose des instruments nécessaires pour garantir que ses abondantes ressources minérales favorisent l’émancipation économique, la création d’emplois et bénéficient aux communautés locales. L’accent devrait être mis sur la mise en œuvre de ces cadres.
Il a souligné que la promotion du contenu local et la réforme des systèmes financiers et de gouvernance mondiaux sont essentielles pour atténuer les flux financiers illicites et faire progresser les objectifs de développement de l’Afrique. Il a également insisté sur l’importance de la collaboration mondiale et du développement durable. Par conséquent, il a appelé les nations africaines à s’unir et à construire une voix et des positions communes afin de défendre efficacement leurs intérêts sur la scène internationale. Il a avancé que pour parvenir à un changement transformateur, les politiques minières, commerciales, industrielles, énergétiques, de développement des infrastructures et de relations internationales doivent être mises en œuvre de manière intégrée et cohérente.
M. Pedro a souligné qu’il est de la responsabilité conjointe des gouvernements, des entreprises minières, des communautés locales, des institutions financières et des autres parties prenantes de combler les écarts de perception sur ce qui constitue des avantages et de travailler ensemble pour donner la priorité au développement durable dans le secteur extractif. Avant de saluer la série de dialogues sur l’Afrique 2025 pour avoir offert un forum propice à un discours significatif sur les réparations et la justice pour les Africains et les personnes d’ascendance africaine.
« À mesure que nous progressons, donner la priorité au développement durable et s’attaquer aux problèmes systémiques qui perpétuent les flux financiers illicites, ainsi que des mesures de réparation, est une étape cruciale pour obtenir justice en Afrique. Ce faisant, nous avons le potentiel de libérer les véritables capacités de l’Afrique et de promouvoir un système mondial plus équitable », a-t-il conclu.