Le ‘’Projet pour la Coexistence pacifique entre l’Homme et l’Éléphant au Gabon’’ vient de recevoir un important appui financier. Lancé ce 17 février 2025, par le ministre des Eaux et Forêts, le Général de Brigade Maurice Ntossui Allogo, il sera financé par l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale (CAFI) à hauteur de 10 000 000 USD.
Ce projet vise à réduire les conflits entre les populations et les éléphants tout en promouvant une cohabitation harmonieuse. S’étalant sur deux ans, il est le fruit d’une collaboration entre le gouvernement gabonais et des ONG partenaires, telles que Wildlife Conservation Society (WCS) et Space for Giants.
Dabs son articulation, le ‘’Projet pour la Coexistence pacifique entre l’Homme et l’Éléphant au Gabon’’ est autour de trois priorités : favoriser la coexistence pacifique entre humains et éléphants, améliorer la sécurité alimentaire et physique des communautés rurales, et renforcer les politiques de conservation des forêts tout en luttant contre le changement climatique.
Les actions prévues dans le cadre de ce projet incluent l’installation de 1800 clôtures mobiles dans les neuf provinces du Gabon, ainsi que l’activation d’unités de vulgarisation pour traiter les conflits homme-éléphant. De plus, des pratiques agricoles durables seront mises en œuvre, accompagnées de campagnes de sensibilisation visant à promouvoir une meilleure cohabitation entre les populations et les éléphants.
Enfin, la création de polices d’assurance permettra de compenser les dommages causés par les éléphants. Ce projet témoigne de l’engagement du gouvernement et de ses partenaires à trouver des solutions durables pour préserver la biodiversité du Gabon tout en améliorant les conditions de vie des communautés rurales.
Il faut toutefois noter qu’en dépit de la pléthore de solutions, le Conflit Homme-Faune et particulièrement le Conflit Homme-Éléphant constitue un défi majeur pour les autorités gabonaises. Entre 2016 et 2021, près de 12 000 plaintes pour destruction de cultures ont été enregistrées, mettant en évidence l’urgence de trouver des solutions durables. Sur la période de 2020 à 2021, sur les 27 agressions par la faune sauvage, 18 sont du fait des éléphants avec 8 décès et des blessés graves.
Les consultations provinciales réalisées en 2021 ont révélé des problématiques structurelles, telles que la réduction de l’habitat naturel due aux exploitations agro-industrielles et forestières. Malheureusement, la proposition de stratégie nationale de gestion des CHF initiée en 2021 n’avait pas été finalisée en raison, entre autres, d’un manque de financement.
Grâce aux appuis du projet GIZ TRIDOM et du WWF Gabon, une équipe d’experts s’est mobilisée du 28 au 30 octobre 2024 pour amender les propositions de stratégie de gestion des CHF et le plan d’actions associé. Cette équipe était composée des représentants des administrations publiques, du secteur privé et de la société civile. Au terme de ces travaux, une cérémonie de remise desdits documents à la Ministre de l’Environnement, du Climat et des CHF s’est déroulée le 06 novembre 2024.
Une réponse stratégique globale fut adoptée. Il s’agit de la Stratégie nationale de gestion du Conflit Homme-Éléphant (SNGCHE). Validée en novembre 2024, son plan d’action visent à instaurer une coexistence pacifique entre humains et éléphants d’ici 2026. Son objectif : concilier conservation et développement socio-économique en garantissant la sécurité des populations tout en protégeant cette espèce emblématique.
Cinq axes d’intervention prioritaires composent ce plan d’actions. Il s’agit du renforcement du cadre législatif et institutionnel : mise en place d’un cadre réglementaire adapté et d’une cellule multisectorielle pour coordonner les efforts ; de la prévention et atténuation avec la construction de clôtures électriques, formation des communautés et soutien à l’agriculture pour réduire les pertes ; de l’information, la sensibilisation et la communication. Lesquelles passent par une éducation des populations pour changer la perception des éléphants et vulgariser les solutions existantes. Plus, élaboration d`une stratégie de communication CHF.
A cela s’ajoutent la recherche et coopération à travers des études sur les déplacements des éléphants et collaboration régionale pour la gestion transfrontalière et enfin, la mobilisation des financements : création d’un fonds dédié et recherche de partenaires financiers nationaux et internationaux.
Pour garantir une mise en œuvre efficace, la stratégie s’appuie sur un plan d’actions pluriannuel qui repose sur des indicateurs précis, des moyens financiers diversifiés et une évaluation continue pour ajuster les actions en fonction des résultats obtenus. Sa réussite dépendra d’une mise en œuvre rigoureuse et de l’inclusion de l’ensemble des parties prenantes.