Le gouvernement gabonais veut à tout prix tenir les engagements d’interdire l’exportation de minerais de manganèse brut à compter du 1er janvier 2029. C’est dans ce cadre que le Vice-président du gouvernement, Alexandre Barro Chambrier, a ouvert les travaux de la Commission pour le suivi du projet intégré de transformation locale des minerais de manganèse, ce 16 juillet 2025 à Libreville. Qualifiée de décision historique, après celle du bois en 2010, cette mesure portée par le président Brice Clotaire Oligui Nguema dans le but de procéder à une transformation en profondeur du secteur minier national, s’inscrit dans la mise en œuvre d’un nouveau modèle économique fondé sur la valeur ajoutée.
La Commission pour le suivi du projet intégré de transformation locale des minerais de manganèse est organisée par le ministère des Mines. Elle réunit plusieurs membres du gouvernement et responsables des administrations concernées. L’objectif est de définir une stratégie claire pour bâtir une industrie minière nationale compétitive.
A l’occasion de la cérémonie de lancement des travaux, Alexandre Barro Chambrier est revenu sur les enjeux de ces travaux. Selon lui, ils auront des objectifs clairs. C’est-à-dire, d’établir des synergies entre les acteurs, élaborer des termes de référence pour les études des différents projets, lever les blocages en matière de transport et de production d’énergie électrique ainsi que d’infrastructures de transport, sécuriser les ressources minérales, garantir la compétitivité des substances minérales transformées issues du Gabon, mettre en œuvre la politique du contenu local et enfin harmoniser la communication autour de ce dossier.
Il s’agit également pour l’Etat gabonais, « de reprendre la souveraineté sur les ressources de son sous-sol, de bâtir une industrie minière compétitive en lieu et place d’un système de rente et de déployer progressivement les jalons d’une croissance dynamique et d’un développement économique et humain global et durable», -t-il souligné.
Une occasion plus que jamais propice pour lui d’insister sur l’urgence d’agir pour transformer cette vision en réalité : « Cette mesure d’intérêt primordial pour le Gabon doit être concrétisée par le gouvernement. À cet effet, il nous faut de manière coordonnée et déterminée mettre en place avant janvier 2029 les conditions d’une remontée bénéfique de la chaîne de valeur en commençant par la transformation de notre minerai».
Pour illustrer l’enjeu, il rappelle : «Il suffit de noter que la tonne de minerai de manganèse est vendue à 4,45 dollars US alors que le silico-manganèse issu de la première étape de transformation vaut 996 dollars US pour se convaincre du bien-fondé des efforts qui nous incombent». Pour rappel, « le Gabon produit en moyenne 7 à 8 millions de tonnes de manganèse brut par an, avec une transformation locale encore limitée. Or, il faut en moyenne 2,2 à 2,5 tonnes de manganèse brut pour produire 1 tonne de silico-manganèse. Ainsi, une production brute de 7 à 8 millions de tonnes permettrait de générer environ 3 à 3,5 millions de tonnes de silico-manganèse. Cela équivaut à un potentiel de 1 800 à 2 100 milliards de FCFA de recettes (contre 18 à 21 milliards de FCFA actuellement générés par l’exportation brute », expliquent les spécialistes du secteur.
Dans la même logique, le ministre des Mines et des Ressources géologiques, Gilles Nembe, est quant à lui revenu sur l’aspect crucial et stratégique de cette réforme. «c’est un dossier extrêmement important. Il y a des projets qui ont la capacité de changer le cours d’une nation. La transformation du manganèse fait partie de ces projets. L’impact indirect qu’elle aura sur la vie de nos enfants est extrêmement considérable», a-t-il fait savoir. Du point de vue socio-économique, l’on renseigne que ce programme structurant prévoit 165 000 emplois à travers le développement du port, du chemin de fer et du secteur énergétique.



















