Monsieur le ministre, de passage à Paris avec vos homologues de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), vous avez rencontré le gouverneur de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), au sujet de l’obligation pour les compagnies pétrolières de rapatrier au sein de la Banque sous-régionale, les fonds de réhabilitation de l’environnement des gisements taris. Etes-vous parvenu à un accord ?
Charles M’ba : Il n’y a pas lieu de parler tout de suite d’accord. D’ailleurs, vous m’interrogez sur cette question qui fait l’objet de discussion depuis plus de six ans. L’accord se construit progressivement avec nos partenaires, les opérateurs économiques pétroliers et miniers qui opèrent dans nos régions. Nous avançons sur ce dossier. Nous nous rencontrerons probablement à Washington, à l’occasion des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale avec nos partenaires et nous espérons bien un aboutissement bientôt.
Brice Clotaire Oligui Nguema vient de remporter la présidentielle avec un large score. Le Gabon est-il, selon vous, entré dans une nouvelle ère ?
Bien sûr. Le Gabon est entré dans une nouvelle ère depuis le 30 août 2023. D’ailleurs, avec cette élection, les Gabonais ont permis au président Oligui, non pas de gagner en pouvoir, mais en réalité c’était l’occasion de lui remettre un vrai mandat pour continuer de bâtir le pays. Ce que nous avons commencé à faire depuis septembre 2023. Vous voyez donc que je suis un ministre confiant dans l’avenir. Parce qu’en réalité, nous écrivons une vraie page de liberté, de libération, d’enthousiasme et de construction de notre pays.
Vous soutenez que vous êtes bien confiant dans l’avenir. Néanmoins, d’importants défis économiques attendent votre pays le Gabon, notamment en ce qui concerne la dette. Comment prévoyez-vous surmonter cette charge ?
Bien écoutez, lorsque nous sommes arrivés en septembre 2023, il faut dire des choses de manière très simples. Nous avons hérité d’une dette de plus de 7000 milliards de FCFA, que nous sommes progressivement en train de réduire. Notre stratégie visant à desserrer cet étau de la dette consiste naturellement à régler les échéances. Mais aussi de faire comme l’a souhaité le président Brice Clotaire Oligui Nguema, assurer la continuité de l’État. Cette dette, tout le monde le sait, ce n’est pas nous qui l’avons contracté. Mais c’est la dette du Gabon. Nous nous sommes engagés à la réduire. Nous la réduisons effectivement.
A preuve, au 31 décembre 2024, nous étions à 7208 milliards de FCFA alors qu’elle était de 7288 milliards de FCFA en décembre 2023. Autrement dit, le stock pur de la dette Gabon a baissé de 280 milliards de FCFA. Ce qui est une bonne indication. Ce qui signifie que malgré le fait que nous continuons d’emprunter, nous réduisons également le stock tout en payant les échéances.
Néanmoins le Fonds monétaire international projette une aggravation de la dette publique gabonaise avec un taux d’endettement dépensant les 70 % du PIB. Vous confirmez ces précisions ?
Non. Je ne les confirme pas du tout. Nous sommes toujours en désaccord avec les institutions de Bretton Wood sur notre taux d’endettement. Le FMI dirait plus de 70 %, alors que nous nous disons 58%, quand nous sommes arrivés, et 56% aujourd’hui. Nous avons une tendance baissière vers 54 %. Alors la réalité est que dans la mesure du FMI intègre une dette qui est une dette sociale intérieure. C’est la dette de l’État vis-à-vis notamment des agents publics. Sur ce point, je vais par exemple vous dire que j’ai payé, sur instruction du président de la République, le président Oligui Nguema, tous les rappels en retard pour les pensions des retraités. Nous avons également payé les deux tiers des rappels de soldes qui étaient en retard depuis 10 ans. Autrement dit, y compris cette dette-là est en en complète diminution.
Quelle est la mesure concrète mise en place par votre ministère pour diversifier l’économie gabonaise ?
La diversification, vous faites bien d’en parler est l’un de nos principaux chevaux de bataille. Je ne suis pas le mieux placé pour en parler. La question est du ressort de mon collègue ministre de l’Economie. Mais, je vous dirais quand même que l’idée est que nous diversifions notre économie en faisant autre chose que du pétrole, que des mines. Cela veut dire que nous avons une orientation vers l’agriculture, vers le tourisme, nous avons envie d’une économie qui soit numérisée, donc nous allons développer les services, nous allons développer les métiers et bien d’autres secteurs. En clair, il nous faut une économie diversifiée. C’est en effet, ce à quoi nous allons nous attelons. Et j’ai grande confiance que dans les années à venir, notre économie soit parfaitement diversifiée.
Avant de boucler cet entretien, monsieur le ministre, comment comptez-vous faire pour que les revenus issus des ressources naturelles bénéficient davantage à la population gabonaise ?
Je dois dire que le gouvernement qui a été mis en place, par le président Oligui Nguema est un gouvernement particulièrement empathique. Pour que les richesses profitent aux uns aux autres, il faut régler les problèmes de la vie quotidienne des Gabonais. C’est d’ailleurs ce que nous faisons depuis que nous sommes au pouvoir. Je vous parlais tout à l’heure des pensions de retraite, je vous parlais des rappels de soldes, je pourrais aussi vous parler des bourses scolaires, des lycéens et universitaire. Je pourrais aussi vous parler de la lutte contre la vie chère qui entraîne souvent que l’État mette la main à la poche pour soutenir les ménages gabonais. C’est notre c’est notre marque de fabrique : l’empathie sociale. L’empathie envers la population, régler les problèmes de la vie quotidienne des Gabonais.