Selon les prévisions de la Banque mondiale, la croissance du Gabon devrait atteindre 2,7 pour cent en moyenne entre 2024 et 2026. La croissance devrait principalement provenir des secteurs non pétroliers, notamment de l’exploitation de nouveaux gisements de fer et de manganèse, d’une plus grande production de bois et de la mise en exploitation de nouvelles industries de palmier à huile, de biodiesel et de gaz. La production de pétrole, quant à elle, devrait diminuer progressivement à partir de 2025 à mesure que les champs pétroliers arrivent à maturité.
La récente annonce de la découverte de nouvelles réserves de pétrole et d’autres projets d’exploration à venir pourraient néanmoins inverser ce scénario. Les importations en termes réels devraient augmenter sur le moyen terme, tirées par les projets d’infrastructures et les investissements privés. Alors que les exportations de pétrole devraient diminuer graduellement à partir de 2025, les Autorités ont pour objectif de dynamiser les investissements de manière à stimuler les exportations d’autres matières premières, notamment pour ce qui est du manganèse, du fer et du bois. Les excédents du compte courant resteraient donc élevés, soutenus par d’importantes exportations de matières premières.
La baisse de la production et des cours du pétrole affecterait les recettes budgétaires. Par ailleurs, la hausse de la masse salariale, le développement de grands projets d’infrastructures et l’augmentation des mesures d’aide sociale devraient exacerber les pressions sur les dépenses publiques, ce qui se traduirait par des déficits budgétaires sur la période 2024-2026 (soit en moyenne 4,9 pour cent du PIB, avec des déficits primaires non pétroliers en moyenne à hauteur de 12,0 pour cent du PIB non pétrolier). Les soldes primaires deviendraient ainsi négatifs, ce qui entrainerait une hausse de la dette publique. En l’absence de mesures fortes d’ajustement budgétaire, ces pressions pourraient conduire à une situation budgétaire ainsi qu’à un niveau d’endettement non viables.
L’inflation au Gabon resterait inférieure au critère de convergence régional de 3,0 pour cent. Cependant, le taux de pauvreté devrait augmenter à 36,9 pour cent d’ici 2026 étant donné le niveau élevé du taux de chômage, le volume limité d’activités génératrices de revenus et l’insuffisance des programmes de protection sociale.
Cette situation est exacerbée par le fait que l’économie gabonaise reste encore largement dominée par les industries extractives à forte intensité de capital qui ne créent pas suffisamment d’emplois et ne permettent pas une répartition suffisamment équitable des revenus. Parmi les risques baissiers, il est important de souligner ceux relatifs à tout choc sur les cours des matières premières, à la concurrence exercée par le pétrole russe sur les marchés asiatiques, au resserrement des conditions de financement et aux impacts de l’intensification de la guerre en Ukraine ou du conflit au Moyen-Orient.
Les défis en termes de maîtrise des dépenses résultant de la hausse de la pression sociale ou encore de l’acquisition de nouvelles entreprises publiques pourraient conduire à une forte augmentation des déficits budgétaires et de la dette publique. Bien que les sanctions de la CEEAC aient été levées, un éventuel retard dans la sortie de la période de transition politique pourrait déclencher d’autres sanctions économiques sur le Gabon, affectant ainsi l’accès du pays aux marchés financiers régionaux.
Aussi, l’importance et la priorité données au calendrier politique dans la période de transition pourraient limiter la capacité des Autorités à adopter les réformes nécessaires à l’amélioration de la gouvernance dans le pays, à l’accélération de la transition vers une croissance basée sur l’emploi et à la réduction de la pauvreté