« Les bons comptes font les bons amis », enseigne un vieil adage. C’est en partie sous ce prisme que l’on devrait lire le communiqué du ministère gabonais en charge des Comptes Publics et de la Dette, annonçant l’apurement de toutes les échéances dues à la Banque mondiale. Outre ce détail, les termes dudit communiqué renseignent également que le montant global payé s’élève à 17, 9 milliards de Francs CFA (29,8 millions $).
Pour le ministère, « Cette action forte du gouvernement de la Transition visant à honorer les engagements du pays à l’égard des bailleurs de fonds, en allégeant le lourd fardeau de la dette hérité de la gestion antérieure au 30 août 2023, s’inscrit dans la volonté du président de la Transition, le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, de restaurer et renforcer la confiance et la coopération avec la communauté financière internationale engagée dans le financement du développement de notre pays ».
Il ne faudrait tout de même pas perdre de vue que le fait de n’avoir pas honoré ses échéances de remboursements a considérablement écorné l’image du pays auprès de ses partenaires multilatéraux. Donnant quelque peu du grain à moudre à ceux qui remettent la solvabilité du pays en question, du fait des tensions de trésoreries. Car, ces derniers temps, les relations entre le Gabon et la Banque mondiale n’étaient véritablement plus au beau fixe à cause de ces défauts de paiements. Conséquences, en juin 2024 et en janvier 2025, l’institution de Bretton Woods a dû suspendre ses financements au Gabon, sous le gouvernement de transition.
Retour à la normale
Malgré tout, et c’est d’ailleurs le plus important, ce paiement met fin à une période de tensions entre le Gabon et cette institution de Bretton Woods qui avait suspendu les décaissements à l’endroit du pays en raison des impayés accumulés. Ce règlement ouvre donc la voie à un retour du Gabon sur la liste des solvables bénéficiaires des appuis financiers de la Banque mondiale.
Par ailleurs, ce règlement de ces échéances permet de renforcer la crédibilité du Gabon sur la scène internationale, dans un contexte où il fait face à une gestion fragile de ses finances publiques et de sa dette. Une situation qui a conduit l’agence de notation Fitch Ratings à anticiper des difficultés accrues dans le remboursement des dettes en 2025. Il faut également noter que le règlement de cette dette intervient juste après la visite à la présidence de la République gabonaise d’une délégation de la Banque mondiale, conduite par Cheik F. Kanté, directeur des opérations pour le Gabon et l’Afrique de l’Ouest et du centre.
Au cours de cette visite, l’institution financière a réaffirmé au président de la transition, Brice Oligui Nguéma, son engagement à soutenir le Gabon dans la réalisation de projets structurants d’envergure. Parmi ceux-ci figurent les initiatives e-Gabon et Digital Gabon, destinées à digitaliser le système de santé pour améliorer la prise en charge des patients et le suivi sanitaire, tout en favorisant le développement du numérique dans tous les secteurs.
De plus, la Banque mondiale prévoit de lancer un projet d’investissement pour la construction de voiries urbaines et d’infrastructures de base dans sept villes de l’arrière-pays, tout en apportant un soutien à la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) pour améliorer l’accès à l’eau et à l’électricité. En outre, l’institution souhaite d’une part lancer un projet d’investissement en matière de construction des voiries urbaines et infrastructures de base dans 7 villes de l’arrière-pays, et d’autre part apporter un appui à la SEEG dans l’amélioration de l’accès à l’eau et l’électricité.
Un Cadre de partenariat-pays couvrant les exercices 2023 à 2027
Il convient enfin de noter que l’action du Groupe de la Banque mondiale au Gabon est adossée sur un Cadre de partenariat-pays (CPP) couvrant les exercices 2023 à 2027. Ce CPP accompagnera le Gabon vers une croissance économique durable et inclusive qui devrait contribuer à deux résultats de niveau supérieur : une plus grande résilience des ménages et le création d’emplois dans le secteur privé non-pétrolier. Cet engagement très sélectif concerne le renforcement du système de prestation de services publics solide, des services sociaux plus accessibles, des infrastructures urbaines plus résilientes et des investissements privés accrus dans les secteurs non pétroliers