A l’issue des discussions, M. Ahokpossi a fait le point de la situation économique du pays. D’abord, en ce qui concerne la première revue du programme économique et financier triennal soutenu par le FMI au titre de la FEC, la mission du FMI et les autorités de la RDC sont parvenues à un accord préliminaire au niveau des services, sous réserve d’approbation par la Direction générale et le Conseil d’administration du FMI. L’examen du dossier par le Conseil d’administration du FMI est prévu pour fin juin 2025.
En outre, depuis le dernier trimestre de 2024, la RDC est confrontée à une escalade du conflit armé dans sa partie Est. L’intensification des hostilités a coûté la vie à des milliers de personnes et causé de graves répercussions humanitaires, sociales et économiques, en particulier dans les provinces occupées du Nord-Kivu et du Sud-Kivu.
L’activité économique est restée résiliente, avec une croissance robuste du PIB de 6,5 % en 2024. La croissance devrait rester supérieure à 5 % en 2025, portée par le dynamisme continu du secteur extractif. La stabilité extérieure s’est renforcée, soutenue par l’accumulation continue de réserves internationales et la réduction du déficit du compte courant, bien que restant toujours en-deçà du niveau d’adéquation recommandé de couverture des importations. La stabilité du taux de change qui en a résulté depuis mi-2024, conjuguée au resserrement approprié de la politique monétaire, ont contribué à atténuer les tensions inflationnistes. L’inflation en glissement annuel est revenue à un niveau à un chiffre en avril 2025, pour la première fois depuis juillet 2022.
Sur le plan budgétaire, l’escalade du conflit a beaucoup pesé sur les finances publiques. Des dépassements sur les dépenses publiques, liés à une forte augmentation des dépenses exceptionnelles de sécurité, des investissements publics et des transferts aux provinces et aux entités publiques, n’ont été que partiellement compensés par une bonne collecte des recettes budgétaires. Ainsi, le déficit budgétaire intérieur à fin 2024 a dépassé son plafond programmé.
Pour 2025, la fermeture des bureaux de perception des recettes dans la partie Est occupée du pays, combinée à l’exonération de la TVA et des droits de douane sur les produits alimentaires de base afin d’atténuer le coût de la vie, entraînent un manque à gagner sur les recettes budgétaires. Les pressions sur les dépenses se sont également accrues, les dépenses exceptionnelles de sécurité étant restées élevées jusqu’à fin avril 2025, et les salaires des militaires et des policiers ayant été doublés depuis mars afin de booster le moral des troupes.
Le gouvernement a réaffirmé son engagement vis-à-vis des objectifs du programme soutenu par la FEC, qui a été recalibré pour refléter les nouvelles réalités consécutives à l’intensification du conflit. Cela devrait contribuer à préserver la viabilité budgétaire tout en dégageant une marge de manœuvre budgétaire suffisante pour faire face aux besoins urgents en matière de sécurité et d’aide humanitaire, sans pour autant évincer les dépenses prioritaires sociales et d’investissements publics, notamment en raison de la suspension d’une grande part de l’aide humanitaire extérieure.
Des mesures compensatoires visant à accroître la collecte des recettes budgétaires et à rationaliser les dépenses non-prioritaires, y compris par une réduction du train de vie de l’Etat, ont été identifiées et intégrées, ainsi qu’un appui concessionnel supplémentaire attendu de la Banque mondiale, dans un projet de loi de finances rectificative pour 2025 qui sera soumis au Parlement. Des financements concessionnels supplémentaires de la part des partenaires au développement seraient les bienvenus.