Ces dernières années, les ressources budgétaires de l’Etat affichent une tendance haussière. Elles ont atteint 23,4 % du PIB en 2023, augmentant ainsi significativement soutenues à la fois par une forte hausse de la production pétrolière et des recettes fiscales. Dans cette dynamique, les recettes fiscales ont bénéficié des efforts mis en œuvre par les autorités de la transition pour réduire le niveau de la dépense fiscale et sécuriser les recettes fiscales, notamment à travers la digitalisation de l’administration fiscale et la numérisation du bureau de douane à la frontière nord du pays à la fin de l’année 2023.
Cependant, les dépenses publiques ont dans le même temps également augmenté de façon significative, se traduisant par une augmentation du déficit budgétaire, qui s’est situé à 1,0 % du PIB en 2023. Les investissements publics ont également connu une augmentation significative en raison de l’accélération des projets d’infrastructures. Les dépenses ont également augmenté en raison de l’organisation des élections d’août 2023, de la reprise des recrutements dans le secteur public à partir de la fin de l’année 2023, de l’augmentation des subventions aux carburants et de plusieurs autres mesures sociales introduites par les nouvelles autorités.
La dégradation du solde budgétaire, combinée à l’introduction de composantes supplémentaires identifiées depuis la période de transition dans le périmètre de la dette publique (telles que les arriérés de remboursement de la TVA), grâce aux efforts de transparence des autorités de la Transition, a porté la dette publique à 72,1 % du PIB en 2023.
Autrement dit, la croissance gabonaise devrait rester positive mais modérée au cours des prochaines années, en raison de l’épuisement progressif des réserves pétrolières, prévu à partir de 2025. En effet, le pétrole continue de jouer un rôle prépondérant dans l‘économie du pays. Grâce au au prix élevé du baril, le Gabon a bénéficié ces trois dernières années de recettes pétrolières en augmentation malgré la baisse de la production. Le pétrole représente aujourd’hui 51% du PIB du Gabon, 85% de ses exportations et plus de 65% de ses recettes budgétaires. Toutefois, d’autres secteurs comme l’industrie du bois, les plantations de palmiers à huile et d’hévéas, ainsi que l’entrée en production du gisement de fer de Belinga et de nouveaux gisements de manganèse, devraient jouer un rôle clé dans la croissance future.
Néanmoins, des risques significatifs pèsent sur les perspectives de croissance. Le contexte politique, jusqu’à présent relativement stable grâce au soutien populaire des autorités de transition, pourrait se dégrader avec l’organisation du référendum pour l’adoption d’une nouvelle constitution et les prochaines échéances électorales. Un retour rapide à l’ordre constitutionnel est crucial pour éviter des sanctions régionales qui limiteraient davantage l’accès du pays à certaines sources de financement.
Un autre risque important proviendrait de la détérioration de la situation budgétaire du pays en raison de la baisse attendue des recettes pétrolières à partir de 2025, combinée à de fortes pressions exercées sur les dépenses de l’État pour faire face à la forte demande sociale.
Le Gabon est aussi confronté au risque de raréfaction des financements et d’augmentation du coût de financement compte tenu d’une part, du durcissement des conditions financières au niveau global et d’autre part, des besoins de financement significatifs anticipés pour faire face à l’arrivée à maturité/échéance des euro-obligations en 2025. L’accumulation d’arriérés de paiement, malgré les efforts des nouvelles autorités, accentue ce risque.
Sans mesures correctives, une augmentation des déficits budgétaires pourrait compromettre la viabilité de la dette, déjà estimée à plus de 70 % du PIB en 2023, avec une projection atteignant 80 % d’ici 2026. Ces risques ont conduit à la dégradation de la note du Gabon par Moody’s et Fitch à la mi-2024 ainsi que par Fitch Ratings de « CCC+ » à « CCC au cours de ce mois de janvier.