Dans son Rapport sur la politique monétaire publié en décembre 2024, la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC) indique une baisse progressive de l’encours de la dette extérieure en zone CEMAC, passant de 29 % du PIB en 2022 à une estimation de 25 % pour 2024. Cependant, le service de la dette extérieure, mesuré en pourcentage des exportations de biens et services non financiers, a augmenté, passant de 10 % en 2022 à une estimation de 14 % pour 2024. Cela indique une pression croissante sur les recettes d’exportation nécessaires au remboursement des dettes.
Parmi les pays de la CEMAC, le Congo affiche le taux d’endettement le plus élevé à 35,5 % du PIB en 2024, bien qu’en baisse par rapport aux années précédentes. Le Gabon et la République centrafricaine montrent également des ratios de dette extérieure élevés mais en déclin. En revanche, la Guinée Équatoriale et le Tchad présentent les taux les plus bas de la région.
Le ratio de la dette publique sur le PIB affiche stable dans la région
Dans l’ensemble, le ratio de la dette publique sur le PIB dans la zone CEMAC observe une tendance stable en 2024. D’un total de 59,85% en 2023, il chute légèrement pour s’établir à 59,73% en 2024. En revanche dans les pays d’AFRITAC Centre (AFC) – AFRITAC Centre – Burundi, Cameroun, Congo, Gabon, Guinée Equatoriale, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad -, l’on note une légère augmentation du ratio d’endettement entre 2023 et 2024, soit 0,06 point de pourcentage. En 2025, la dette publique des pays d’AFRITAC Centre (AFC) devrait baisser pour s’établir à 49,85% du PIB contre 52,21% en 2024.
Dans ce segment, la République du Congo et du Gabon s’illustrent par un ratio d’endettement particulièrement élevé. Les deux pays devraient afficher un ratio d’endettement (par rapport au PIB) respectif de 93% et 73% à la fin de l’année 2024. Ces ratios s‘écartent du critère de convergence macroéconomique sur l’endettement dans la zone CEMAC, qui stipule que le ratio d’endettement ne doit pas dépasser 70%.
Les paiements des intérêts de la dette dépassent 20% des recettes, un seuil statistiquement élevé
Cette situation pose un réel problème de soutenabilité de la dette dans ces deux pays. Le coût des emprunts continue d’être particulièrement élevé pour les pays d’Afrique sub- saharienne et il l’est davantage pour les pays AFC qui au regard de leur faible capacité de mobilisation des recettes doublée de leur situation de fragilité, peinent à lever suffisamment des ressources pour financer les projets de développement et leur stratégie de riposte contre les chocs exogènes.Pour preuve, les paiements des intérêts de la dette dépassent 20% des recettes, un seuil statistiquement élevé qui pourrait être associé à une forte probabilité de tensions budgétaires. Par ailleurs, le fardeau croissant du service de la dette pèse déjà lourdement sur la disponibilité de ressources pour les dépenses de développement.
Le rapport souligne également la vulnérabilité des pays de la CEMAC aux fluctuations économiques externes, avec des pays comme le Gabon et le Congo ayant des services de la dette extérieure élevés par rapport à leurs exportations. La typologie des créanciers varie également, avec une prédominance des financements multilatéraux pour certains pays comme la République centrafricaine, tandis que d’autres, comme le Gabon, dépendent davantage des créanciers privés.