La restauration à tout prix de la « souveraineté économique » du Gabon est l’un des chevaux de bataille du président de la République Brice Clotaire Oligui Nguema. À preuve, en juin, la Gabon Oil Company a finalisé le rachat d’Assala Energy, deuxième producteur d’hydrocarbures du pays, derrière Perenco, pour 1,055 milliard de dollars.
Pour ce faire, l’État avait fait valoir son droit de préemption pour écarter le français Maurel & Prom, également sur les rangs. Ce choix stratégique vise à reprendre en mains le destin pétrolier du pays pour enrayer le déclin de la production, qui représente le quart du PIB et près des deux-tiers des exportations.
Au mois de mars 2025, Libreville a aussi racheté, pour 300 millions de dollars, la filiale gabonaise du britannique Tullow Oil. Dans la filière bois, l’État gabonais a racheté 63% des parts de la SNBG, jusqu’alors détenue intégralement par Arise IIP.
Crédit entamé
Ces dépenses de souveraineté, couplées aux autres dépenses d’investissement prioritaires, ont entraîné un dérapage des comptes. Le niveau de la dette publique est attendu à 80% du PIB fin 2025 (+8% en deux ans), dans un contexte de conjoncture assez morose, avec une croissance à 2,6%, en repli de 0,5%.
Libreville, qui s’est écartée des critères de convergence de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC), a éprouvé des difficultés à lever des capitaux sur le marché de la sous-région. L’emprunt obligataire de juin 2024 n’a permis de collecter que 48 milliards de francs CFA, loin des 200 milliards escomptés. Le pays a lancé un nouvel emprunt de 80 milliards fin décembre.
Les échanges commerciaux avec la France restent soutenus, à 734 millions d’euros. Le recul de 165 millions par rapport à 2024 est principalement imputable à une baisse de la valeur des exportations gabonaises, tombées 157 millions d’euros, conséquence du repli des cours du pétrole après deux années fastes.
