En dépit des efforts fours consentis, le service de la dette constitue une réelle préoccupation pour le gouvernement de la Transition. Cette alerte vient également d’être donnée par la Banque mondiale dans sa récente Note de conjoncture sur le Gabon (https://documents1.worldbank.org/curated/en/099092524143023531/pdf/P18123017e309404d1ba6e196c79e6350c1.pdf), axé sur le thème spécial « Concevoir des politiques fiscales pour une foresterie durable ».
Dans ce document, l’institution onusienne ne manque pas d’apprécier à leur juste valeur, les efforts fournis par le gouvernement de transition sur la gestion des finances publiques. Elle est par exemple laudative sur la collecte des recettes fiscales qui ont atteint un niveau record en 2023, soutenues par une forte production pétrolière et des mesures de renforcement du recouvrement fiscal.
En outre, malgré une baisse par rapport à 2022, les recettes pétrolières sont restées élevées grâce à une production soutenue et un haut niveau de recouvrement des impôts basés sur les bénéfices significatifs des sociétés pétrolières réalisés l’année précédente. Les recettes totales ont ainsi atteint 22,9% du PIB en 2023. Les recettes fiscales non pétrolières ont également connu une augmentation substantielle grâce aux politiques fiscales, notamment grâce à la rationalisation des dépenses fiscales.
Mais au chapitre des secteurs à améliorer figurent par exemple les incitations fiscales qui continuent d’être largement utilisées pour alléger les coûts pour les entreprises et les ménages. Ce qui, malheureusement, entraîne des pertes de recettes fiscales considérables, estimées à 352 milliards de francs CFA (2,8% du PIB).
Autre écueil, déplore la Banque mondiale, la forte hausse des dépenses publiques en 2023 dues aux multiples besoins plus élevés, entraînant de ce fait une légère hausse du déficit budgétaire. Les dépenses publiques au Gabon ont atteint 23,9% du PIB et le déficit a été estimé à 1,0% du PIB à la clôture budgétaire en 2023, contre 0,8% l’année précédente.
Sur cette même trajectoire haussière, l’investissement public a connu une augmentation significative de 76,6%, dans un contexte d’accélération des projets d’infrastructures et de lancement de grands projets au cours des derniers mois de 2023. Par ailleurs, la relance des recrutements dans la fonction publique a entraîné une augmentation de la masse salariale.
S’agissant de la dette, elle a dépassé le seuil de convergence régional de 70% du PIB en 2023, sous l’effet d’une baisse de la croissance, d’un relèvement des taux d’intérêt et d’arriérés supplémentaires causés par des défis de gestion des flux de trésorerie. Dans ce cadre, le Gabon pourrait avoir des difficultés significatives à contenir sa dette publique, qui est passée de 63,6% du PIB à environ 70,5% entre 2022 et 2023. D’autres composants de la dette ont été identifiés depuis le début de la Transition, tels que des engagements budgétaires impayés et des bons du Trésor, ceux-ci s’ajoutant au stock de la dette.
En l’absence de mesures budgétaires significatives, le ratio de la dette sur le PIB continuerait d’augmenter. D’importantes dépenses seront nécessaires pour couvrir les salaires, l’aide sociale et les investissements prévus dans le Plan National de Développement pour la Transition (PNDT). Au cours des derniers mois, le gouvernement de la Transition s’est efforcé à améliorer la transparence et la visibilité des finances publiques.
Néanmoins, les arriérés extérieurs, estimés à 146 milliards de francs CFA en mars 2024 (1,2% du PIB), représentent un fardeau pour le pays. L’accumulation des arriérés peut également affecter la crédibilité du pays auprès des créanciers, et pourrait aboutir à l’instabilité financière dans le contexte d’incertitudes de l’économie mondiale.