L’embellie économique affichée fièrement par le Gabon au cours de ces derniers mois serrait-elle en train de prendre un coup ? la question vaut tout son pesant d’or, à en croire le rapport du Conseil d’administration du FMI concluant ses consultations au titre de l’article IV de 2024 avec le Gabon.
Des progrès significatifs
Selon ses termes, ce rapport affiche une dimension bien ambivalente. Son côté positif laisse indiquer des progrès notoires. L’on cite entre autres, la reprise post-pandémique après une période de ralentissement en 2023, suite à une série de perturbations logistiques, d’incertitudes politiques et de prix élevés du carburant pour les entreprises, une croissance potentielle d’environ 3% à mesure que les chocs se dissipent, une baisse de l’inflation en dessous du plafond régional de 3% fixé par la BEAC et qui devrait rester dans les limites de l’objectif en l’absence de nouveaux chocs et enfin des vents favorables liés à la vigueur des prix du pétrole ces dernières années qui ont également soutenu la position extérieure.
La nécessite impérieuse des réformes dans le secteur des finances publiques
Sous une tout autre dimension, ce rapport pose la nécessite impérieuse des réformes judicieuses et vigoureuses dans le secteur des finances publiques. Car, son côté sombre affiche un sérieux creusement des déséquilibres budgétaire. Lequel se traduit notamment par d’importants déficits non pétroliers en 2022-23 qui ont entraîné une accumulation rapide d’arriérés, poussant la dette publique à environ 70,5 % du PIB, au-dessus du plafond de la CEMAC, et pesant sur l’accumulation de réserves.
Au regard de ces écarts, les administrateurs du FMI ont souligné l’urgence d’un assainissement budgétaire décisif pour garantir la viabilité budgétaire, tout en préservant la capacité de répondre aux importants besoins sociaux et de développement.
Ils ont aussi encouragé l’amélioration de l’efficacité des dépenses et l’augmentation de l’espace budgétaire grâce à des mesures en matière de recettes. Ils ont noté que garantir une situation budgétaire viable à moyen terme nécessiterait l’adoption d’un cadre budgétaire solide pour orienter les politiques vers la durabilité. Non sans noter qu’un engagement ferme en faveur de bonnes pratiques de gestion des finances publiques sera essentiel pour renforcer la situation budgétaire.
Le FMI a toutefois salué la consolidation du Compte unique du Trésor et la numérisation des services gouvernementaux et encouragé les autorités à combler les lacunes restantes dans les cadres de gouvernance des entreprises publiques, de gestion de la dette et des investissements, ainsi que de gestion de la masse salariale et de la fonction publique.
Il a aussi souligné que le renforcement de la situation budgétaire du Gabon sera essentiel pour garantir la viabilité extérieure de la CEMAC. Avant de souligner l’importance d’améliorer la gouvernance et la transparence des comptes budgétaires. L’engagement des autorités dans ce domaine a aussi été salué.
Dans ce droit fil, les administrateurs ont souligné que la présentation transparente des comptes budgétaires récents constitue une première étape importante. Avant d’appeler à des efforts supplémentaires, notamment pour initier une comptabilité et un reporting complets des comptes budgétaires, des actifs et des passifs du secteur public, pour divulguer les contrats miniers et pour mieux évaluer la contribution potentielle du secteur minier aux revenus.