Cette mission avait pour but d’examiner les avancées sur le plan des réformes et des priorités des autorités en matière de politiques économiques, dans le cadre des sixièmes revues du programme de quatre ans soutenu par les accords au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) et du mécanisme élargi de crédit (MEDC), et la première revue de la facilité pour la résilience et la durabilité (FRD).
Au terme de celle-ci, les autorités camerounaises et les services du FMI ont conclu un accord au niveau des services pour les sixièmes revues du programme appuyé par la FEC et le MEDC, et pour la première revue de l’arrangement au titre de la FRD. Cependant, cet accord reste soumis à l’approbation du Conseil d’administration du FMI, qui devrait l’examiner à la fin du mois de juin.
L’achèvement des revues permettrait le décaissement de 55,2 millions de DTS (73 millions de dollars) pour le programme appuyé par la FEC et le MEDC, et de 34,5 millions de DTS (45,6 millions de dollars) au titre de la FRD. Mais selon les premiers éléments, le redressement de l’économie camerounaise après la crise liée à la pandémie de COVID-19 s’est poursuivi l’année dernière, et sa croissance globale a été de 3,3 %.
Cette croissance inférieure au taux de 3,6 % enregistré en 2022 et à la précédente prévision de croissance économique de 4 % en 2023, est imputable à une combinaison de facteurs externes et internes, notamment des perturbations de la chaîne d’approvisionnement et de l’énergie, ainsi qu’une contraction de la production pétrolière du pays. L’inflation a diminué, passant de 7,3 % à fin 2022 à 5,9 % à fin 2023.
L’évolution des finances publiques a été globalement conforme aux objectifs du programme. Le déficit primaire hors pétrole s’est amélioré à 2,6 % du PIB en 2023 (contre 3,9 % en 2022). Le rééquilibrage budgétaire a bénéficié de la bonne tenue des recettes non pétrolières et des efforts déployés par les pouvoirs publics pour réduire les coûteuses subventions aux carburants.
Toutefois, fait observer le fonds, la gestion des finances publiques continue de présenter des quelques faiblesses avec un niveau des dépenses extrabudgétaires substantiel en 2023. Cela s’est traduit par des dépassements sur les dépenses courantes, et par l’inobservation, de peu, de l’objectif de déficit primaire hors pétrole fixé dans le cadre du programme. Le dépassement sur les dépenses courantes a également limité les ressources destinées à des investissements prioritaires en faveur de la croissance.
Il convient donc de redoubler d’efforts pour améliorer l’intégrité et l’exécution du budget. Les autorités présenteront un budget rectificatif pour 2024 afin entre autres de limiter certaines dépenses exécutées au moyen d’avances de trésorerie et adopteront un plan d’apurement des arriérés intérieurs. Il y a eu un léger dépassement du plafond d’accumulation de nouveaux arriérés de paiements extérieurs.
Les perspectives demeurent positives, sous réserve de la poursuite des réformes et d’un contexte extérieur favorable. La croissance économique devrait atteindre environ 4 % en 2024. L’inflation diminuera progressivement, compte tenu de la baisse des effets de la deuxième augmentation des prix à la pompe au début de 2024, et sera de 5,5 % d’ici à la fin de l’année.
Dans le cadre de l’élaboration de la loi de finances rectificatif pour 2024, les autorités ont fait part de leur détermination à maintenir la stabilité macroéconomique et à réduire le déficit budgétaire primaire hors pétrole à 2 % du PIB en 2024. Le programme de réformes structurelles des autorités progresse de manière satisfaisante. Les efforts doivent cependant être intensifiés pour atteindre les objectifs ambitieux de la stratégie nationale de développement 2020-30 (SND30), et notamment pour dégager une marge de manœuvre budgétaire pour les investissements dans les infrastructures, tout en préservant la viabilité de la dette.
Les réformes visant à soutenir une transformation structurelle profonde de l’économie doivent également être accélérées, en particulier pour améliorer le climat des affaires pour le secteur privé. La mission encourage les mesures prises par les autorités pour l’amélioration de la performance et de la gestion financière des entreprises publiques, l’achèvement des études techniques concernant la restructuration de la SONARA et le renforcement du cadre de lutte contre la corruption.
Les autorités sont conscientes de la nécessité d’accroître la résilience du Cameroun face aux changements climatiques. Dans le cadre de la FRD, elles ont multiplié les initiatives pour améliorer tout le dispositif d’action climatique. Les premières mesures de réforme sont bien engagées et comprennent l’adoption d’un arrêté établissant le cadre institutionnel de coordination de l’action pour le climat, et la publication d’un manuel de procédures pour la sélection des projets, qui intègre des critères relatifs aux changements climatiques.
Par ailleurs, une série de réformes importantes sont en cours, et concerne notamment le plan national d’action climatique, la stratégie nationale de financement des risques de catastrophe, la gestion des investissements publics liés au climat, et la gouvernance et la durabilité du secteur forestier.