Le Gabon et sa ZIS de Nkok ne cessent de faire des émules. A preuve, la ZIS de Nkok, la success story gabonaise a, une fois de plus été au cœur des travaux d’un atelier tenu du 18 au 19 juillet 2024 à Douala, organisé par le Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) en partenariat avec la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).
Cet atelier était placé sous le thème : « Optimiser le potentiel de la Zlecaf en Afrique centrale : promouvoir l’inclusivité et l’égalité de genre dans les chaines de valeur agricoles ». Au cours de cette réunion, la question d’intégration de la sous-région a de nouveau été posée. En effet, avec ses 160 millions de consommateurs, la CEEAC, qui regroupe 11 pays, reste la région la moins intégrée du continent africain avec un volume de commerce intra-regional de 1,57%, alors que la moyenne dans les autres sous-régions varie entre 15 et 16%.
Or, selon le directeur du Bureau sous-régional pour l’Afrique centrale de la CEA, Jean Luc Mastaki, l’accélération de la libre circulation des personnes et des biens dans la région peut contribuer de façon significative dans la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Pour ce faire, « il faut renforcer la capacité manufacturière de la sous-région par un tissu industriel puissant qui permettra de créer des chaines de valeur régionales », a préconisé lM. Mastaki.
Dans ce cadre, l’institution onusienne soutient fortement la mise sur pied de trois zones économiques spéciales (ZES) dans la sous-région. Une première pour la transformation du bois à Bertoua, dans la région de l’Est au Cameroun ; une deuxième dédiée à la production de précurseurs de batteries, de batteries et éventuellement de véhicules électriques en République démocratique du Congo (RDC) et en Zambie et une troisième consacrée au bétail au Tchad.
Au Cameroun, le Bureau sous-régional revendique le rôle de chef de file dans l’appui à la création de la ZES pour la transformation du bois à Bertoua. D’après Jean Luc Mastaki, « l’adhésion du Cameroun à Africa Finance Corporation (AFC) en 2022 a permis au pays d’accéder au financement de l’AFC pour la mise en œuvre de la ZES à Bertoua pour laquelle 1000 hectares de terres ont été sécurisés et un processus d’indemnisation lancé pour le développement du pôle industriel ». La CEA indique également avoir facilité un processus d’apprentissage en reliant le Minmidt à la ZES de Nkok au Gabon, une réussite reconnue dans l’industrialisation des produits du bois et l’un des moteurs de la transformation économique du pays.
Après trois ans d’hibernation, le projet de Bertoua reprend vie. Le 12 juillet 2024, un appel d’offres restreint a été lancé par le ministère des Mines pour la sélection d’un prestataire en vue de réaliser l’étude de faisabilité du parc industriel de cette ZES. Ets Cosmos Inginering, Cresi Sarl et Polygone Sarl sont les trois entreprises présélectionnées pour mener à bien cette étude d’une durée de trois mois, pour un coût de 50 millions de FCFA.
RDC
L’autre projet soutenu par la CEA est la création de la ZES pour la production de batteries et de véhicules électriques en RDC et en Zambie. Le 27 mars 2023, le Bureau sous-régional a participé, avec l’Union africaine, la Banque africaine de développement, Afreximbank, la Facilité africaine de soutien juridique, la Banque arabe pour le développement économique en Afrique, à la signature d’un accord-cadre pour la création de ladite zone. Selon l’accord, la CEA et Afreximbank dirigeront la création d’une Société d’exploitation (OpCo) en consortium avec des investisseurs publics et privés de la RDC et de la Zambie, ainsi que des investisseurs internationaux tels que la plateforme d’investissement FEDA d’Afreximbank. L’étude de préfaisabilité de ce projet a été confiée à Arise Integrate Industrial Platform (Arise IIP), un développeur d’infrastructures panafricain. Les résultats, apprend-on, seront rendus en août prochain.
Tchad
Quant à la ZES sur le bétail au Tchad, la CEA indique que les études sont avancées pour développer les chaines de valeur de cette filière dans ce pays qui disposent d’un des plus grands cheptels du continent. L’institution onusienne dit attendre une accélération du projet par les nouvelles autorités politiques du pays pour le voir matérialiser dans les meilleurs délais. Pour Adama Ekberg Coulibaly, économiste en chef et chef des initiatives sous-régionales du Bureau sous-regional pour l’Afrique centrale, ces initiatives qui associent les entreprises et travailleurs locaux doivent être financées conjointement par les secteurs public, privé et les bailleurs de fonds.
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