Au Gabon, de manière globale, les capacités de production sont inégalement réparties sur le territoire : la région Ouest, caractérisée par une forte concentration de population et d’activités économiques, fait face à un déficit alors qu’à l’Est, avec des concentrations plus faibles en population et activités économiques, connait des surcapacités.
Sur le RIC (Réseau Interconnecté) de Libreville, le déficit de production est structurel. À Port Gentil, poumon économique du pays, le déficit est également important. Toutefois, la production d’électricité pour le RIC de Franceville couvre largement les besoins.
Les ouvrages de production d’électricité des autres régions (hors Libreville, Port Gentil et Franceville) sont vétustes et nécessitent de nombreux travaux de réhabilitation/renouvellement. L’état des réseaux de transport et de distribution nécessite pour sa part une grande attention. En effet, leurs performances en termes de rendement ne sont pas satisfaisantes. En 2020, les pertes sur le territoire s’élevaient en moyenne de 26% (29%pour le RIC de Libreville) contre 12% pour l’Afrique subsaharienne.
Des facteurs tels que le vieillissement des lignes de transport, une quasi-absence de maintenance, des fraudes et des difficultés de facturation, et des conditions climatiques sont des contraintes à lever pour améliorer la desserte en énergie du pays. Il s’y ajoute un prix de l’électricité de 122,9F CFA/kWh en juin 2021, qui est moins compétitif par rapport à celui des pays comme le Cameroun, le Congo, l’Angola ou le Ghana où il est en deçà des 90 F CFA/kWh.
Faut-il le relever, le potentiel hydroélectrique du Gabon se compose de 60 sites identifiés dont 52 sites documentés. Les sites documentés représentent une puissance maximale de 7002 MW pour une puissance garantie de 5793 MW et un productible annuel moyen de 42.000 GWh.
Toutefois, à ce jour, seul 7 sites sont exploités sur les 60 identifiés. Les capacités installées en 2023 dans le secteur de l’énergie sont de 704 MW dont 380 MW d’origine thermique (Gasoil et Gaz) et 324 MW d’origine hydraulique (Kinguele, Tchimbele, Poubara, Bongolo), qui représentent respectivement 54% et 46% de l’énergie électrique produite.
Aux grands maux les grands remèdes
Pour inverser cette tendance, la Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG) s’est vue accorder une meilleure sécurité juridique pour pouvoir se financer sur le marché financier aussi bien national qu’international. La perspective pour la SEEG est de 20 ans, de quoi investir et de pouvoir amortir son investissement.
L’Etat a également mis en service une agence de régulation du secteur eau et électricité. A noter, l’implication pour la première fois des associations des consommateurs dans l’élaboration du règlement de service. La SEEG a ainsi mis en place un plan d’urgence pour la période 2020-2025 pour rattraper le retard constaté dans la remise en état de certains ouvrages au bénéfice des consommateurs.
Dans ce cadre, l’Etat gabonais, avec le soutien de ses partenaires, prévoit d’investir plus de 300 milliards FCFA (519 millions $) pour améliorer l’accès des populations à l’eau potable et à l’électricité sur l’ensemble du territoire. Cette enveloppe permettra la mise en place de plusieurs programmes d’accès à l’eau et à l’électricité tel le Programme intégré pour l’alimentation en eau potable et l’assainissement de Libreville (Piaepal), d’un montant de 77 milliards de FCFA.
Ce programme, dont les travaux ont été lancés en 2021, vise à améliorer l’accès à l’eau potable pour les populations habitant les communes de Libreville, Owendo, Ntoum et Akanda. L’État va également investir près de 35 milliards de FCFA à travers le Projet accès aux services de base en milieu rural et renforcement des capacités (Pasbmir). Il s’agit là aussi d’améliorer l’accès à l’eau potable et l’électricité dans certaines localités du Woleu-Ntem, de la Ngounié, du Haut-Ogooué et de l’Estuaire.
Un Plan sectoriel électricité pour inverser la donne
Sur la période 2024-2026, le gouvernement de la Transition entend poursuivre la vision d’amélioration de l’offre des services énergétiques pour satisfaire le bien-être des citoyens et soutenir le développement économique du Gabon.
Cette vision s’appuiera sur la mise en œuvre du Plan sectoriel Electricité (PSE), s’articulant autour de cinq (05) axes stratégiques majeurs : l’amélioration de la gouvernance du secteur ; le développement d’une offre énergétique abondante, compétitive et durable ; l’accroissement de l’accès aux services de l’électricité (accès universel) ; la mise en place d’un marché national de l’électricité connecté aux marchés sous-régionaux et la promotion de l’efficacité énergétique.