Dans son Baromètre économique de la CEMAC 2023, la Banque mondiale développe un pessimisme tempéré ou du moins, un optimisme prudent sur les perspectives économiques du Gabon(https://documents1.worldbank.org/curated/en/099027412192389886/pdf/IDU06888b4230277004bed0b80a00024de076bdb.pdf,)
Une manière, plus ou moins claire pour l’institution onusienne d’indiquer que les nouvelles autorités gabonaises ont du pain sur la planche. Cela, en dépit des récents développements économiques engrangés tant sur le volet économique que macroéconomiques qui permettent de regarder l’avenir avec une relatif zeste d’optimisme, afin de repartir sur de bons rails. Atténuant ainsi, l’incertitude économique née du changement de régime survenu au mois d’août 2023.
Pour la Banque mondiale, la tendance observée en 2022 avec le profit tiré du contexte favorable dans le secteur des produits de base, générant une croissance de 3,0% et l’amélioration des soldes budgétaire et extérieur grâce à l’augmentation des recettes pétrolières devrait se poursuivre à certaines conditions.
De manière explicite, « ces perspectives économiques dépendront de la capacité des nouvelles autorités à parvenir à instaurer un climat politique apaisé capable de prévenir les conflits, de limiter les perturbations de l’activité économique et de renforcer la confiance des investisseurs », renseigne-t-elle.
Ainsi, en réponse à la diminution attendue des réserves pétrolières, elle préconise également « de mettre en œuvre de toute urgence des réformes structurelles en vue d’instaurer une plus grande stabilité économique et budgétaire, de garantir une croissance plus résiliente et de réduire significativement la pauvreté ».
Dans ses perspectives, l’institution de Bretton Woods fait également observer que « le niveau plus élevé du risque d’instabilité politique après le coup de force et l’impact potentiel de ce coup d’État sur la confiance des investisseurs pourraient affecter négativement les perspectives économiques à court terme ».
Avant de souligner que la dégradation des perspectives du Gabon par certaines agences, et les sanctions imposées au pays, pourraient mettre en péril, la croissance et les sources de financement régional, ce d’autant plus que le Gabon s’appuie de plus en plus sur les marchés régionaux pour combler son besoin de financement.
Pour rappel, juste avant le coup d’État, la Banque tablait sur ses projections, pour une croissance de l’ordre de 2,8% en moyenne sur la période 2023-2025. Celle-ci devait être tirée par l’augmentation de la production de manganèse, de bois et des palmiers à huile, ainsi que le dynamisme des secteurs des bâtiments et travaux publics et des services. Tous ces secteurs d’activités devaient permettre de compenser le déclin attendu de la production d’hydrocarbures à moyen terme, à mesure que les gisements de pétrole atteignent leur maturité.
En outre, les investissements en cours dans l’agro-industrie permettraient de soutenir l’économie à moyen terme. Au fil des années, le compte courant devrait rester en situation d’excédent.
Pour la Banque mondiale, « Ces excédents seraient soutenus par une croissance forte des exportations de produits de base qui compenserait la hausse des importations. Les recettes tirées de la vente des produits de base devraient rester élevées, générant des excédents budgétaires persistants ».
Néanmoins, le niveau de ces excédents budgétaires devrait baisser pour situer à 2,0% du PIB sur la période 2023-2025. Le taux de pauvreté devrait cependant augmenter, les projections de croissance restant modestes alors que dans le même temps la population est en augmentation.
Ainsi, d’ici 2025, le nombre de Gabonais vivant sous le seuil de pauvreté de référence des pays à revenus intermédiaires de la tranche supérieure, fixé à 6,85 USD par jour, devrait représenter 36,3 pour cent de la population. Ce chiffre est supérieur à la moyenne des pays situés dans le même groupe de revenus que le Gabon.
De plus, le Gabon reste vulnérable face à la fragilité de ses moteurs de croissance ainsi qu’à la forte concentration de ses exportations. Une hausse des restrictions de l’OPEP+ en matière de quotas de production, un choc sur les prix des produits de base, une baisse de la demande de la Chine, des perturbations sur le marché des échanges dans un contexte de persistance des conflits ou encore des chocs climatiques pourraient affecter la performance macroéconomique du pays.
De tels chocs pourraient également affecter les prix des denrées alimentaires et les exportations et ce faisant, affecter également la stabilité budgétaire du pays. Face à de plus grandes incertitudes dans un contexte de transition politique, la mise en œuvre de réformes fortes serait essentielle pour améliorer la gouvernance des finances publiques et l’efficience des dépenses publiques.
Certaines réformes en particulier permettraient de mobiliser davantage de recettes intérieures et ce faisant, de réduire la dépendance au pétrole. A cela s’ajoutent la mise en œuvre effective d’une nouvelle méthodologie de recrutement dans la fonction publique, considérée comme étant plus compatible avec les finances publiques, ainsi que l’adoption de mesures supplémentaires visant à limiter le coût des subventions aux carburants qui sont nécessaires pour éviter des dérapages dans les dépenses publiques. Ainsi que la conservation des forêts et de la biodiversité pourrait également contribuer à la mobilisation de futurs financements, conclut la Banque mondiale.