En 2022, la majorité des indicateurs financiers des pays de la communauté économique de l’Afrique centrale (CEMAC) étaient au vert. Ces données sont fournies par la Banque de France dans son Rapport économique et financier sur la CEMAC, l’UEMOA et l’Union des Comores pour l’exercice 2022. (file:///Volumes/Untitled/CMAF-2022_Web%20(2)%20(1).pdf)
S’agissant particulièrement de la CEMAC, ce rapport indique que le solde budgétaire des pays de la CEMAC s’est nettement amélioré en 2022, grâce à la hausse des cours du pétrole. Le solde budgétaire global (base engagement, dons compris) est ainsi devenu excédentaire, après plusieurs années de déficit, à 2,6 % du PIB en 2022.
Cela s’explique essentiellement par le quasi‐doublement des recettes pétrolières (+ 98,6 %), passant de 5,9 % du PIB nominal à 10,1%. Les recettes non pétrolières ont également progressé (+ 10,0 %), reflétant les efforts menés par les États en matière de recouvrement de l’impôt. Leur part dans le PIB non pétrolier a aussi légèrement crû (de 11,9 % à 12,1 %).
Les dépenses ont aussi observé une augmentation (+ 14,1 %), soit un rythme supérieur à celui du PIB non pétrolier. Après une baisse marquée en 2020 et 2021 (– 17,9%, puis – 7,3%), en lien avec la pandémie de Covid‐19, les dépenses de capital ont rebondi en 2022 (+ 18,8 %), sans toutefois revenir à leur niveau prépandémie.
Quant aux dépenses courantes, elles ont poursuivi leur progression (+ 13,0 %), traduisant notamment une très forte hausse des subventions et transferts (+ 42,4 %). Surtout sur les carburants et produits de première nécessité. En 2022, avec 2786 milliards XAF pour la CEMAC, les subventions et transferts ont atteint 30,5 % des dépenses courantes et 5,3 % du PIB non pétrolier 7.
En conséquence, la dette publique a fortement diminué. En effet, après un pic en 2020 (59,0 % du PIB) et une quasi‐stabilité en 2021 (58,5 %), elle a diminué de 9 pp en 2022, à 49,5 %. Cette baisse s’est répartie de façon équilibrée entre dette extérieure (– 4,3 pp, de 34,2% du PIB à 29,9 %) et dette intérieure (– 4,7 pp, de 24,3 à 19,6%).
Tous les pays de la zone affichent une baisse du ratio dette publique/PIB, la croissance de leur PIB induisant un effet dénominateur favorable. Mais ces baisses sont plus particulièrement marquées dans les pays fortement exportateurs d’hydrocarbures (– 15,4 % au Gabon, – 14,4% en Guinée équatoriale, – 13,3% au Congo), la hausse des prix des carburants ayant permis d’augmenter les remboursements nets.
S’agissant du service de la dette (c’est‐à‐dire le remboursement en capital et intérêts), il a fortement reculé, de 14,4% des exportations et services en 2021 à 9,4 % en 2022. Bien que le niveau d’endettement ait baissé en moyenne, de fortes disparités existent entre pays, et la soutenabilité de la dette demeure un enjeu prioritaire au Congo, au Tchad, en Centrafrique et au Cameroun.
Les niveaux d’endettement public s’échelonnent ainsi de 27,4 % du PIB en Guinée équatoriale à 84,5 % du PIB au Congo. Dans ses analyses de viabilité de la dette (AVD), le Fonds monétaire international (FM) estime que seules les dettes du Gabon et de la Guinée équatoriale restent soutenables.
En situation de surendettement, seul le Congo a vu le service de sa dette augmenter (de 11,0 % des exporta‐ tions de biens et services en 2021 à 14,7 % en 2022). Premier pays à avoir obtenu une restructuration de sa dette publique au sein du cadre commun du G20 pour les traitements de dette, le Tchad n’est plus jugé en situation de surendettement par le FMI. Enfin, le Cameroun et la Centrafrique présentent selon le FMI un risque élevé de surendettement.