Le processus semble obéir à une stratégie bien ficelée. En effet, la banque française souhaite désormais s’affirmer dans ses bastions africains que sont la Côte d’Ivoire, le Maroc ou le Cameroun. Dans le même temps, elle entend céder certaines de ses filiales, les plus petites, notamment au Tchad, en Guinée équatoriale et en Mauritanie.
L’accord annoncé depuis plusieurs mois avec deux groupes bancaires africains pour la cession de ses filiales dans ces trois pays a eu lieu ce jeudi 8 juin 2023. Soit quelques jours seulement après la nomination de Slawomir Krupa à la tête du géant bancaire.
Selon des sources proches du dossier, ce désengagement s’inscrit dans le sillage de ceux de plusieurs groupes bancaires français (BNP Paribas, Crédit agricole, BPCE) et britanniques (Barclays et Standard Chartered), qui se sont désengagés totalement ou ont réduit très fortement leur voilure sur le continent africain, ces cinq dernières années.
Un désengagement à petits pas
Dans ce processus, deux groupes bancaires panafricains que sont Vista et Coris Group, dirigés respectivement par les banquiers burkinabè Simon Tiemtoré et Idrissa Nassa, « reprendraient la totalité des activités opérées par Société générale au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs au sein de ces entités », développe un communiqué de la banque, qui annonce également l’ouverture d’une réflexion stratégique sur sa filiale en Tunisie.
Jouissant d’une présence ancienne en Afrique, dont 100 ans au Maroc, 50 ans en Côte d’Ivoire ou au Sénégal, Société générale, qui a une« entend concentrer ses ressources sur les marchés où il peut se positionner parmi les banques de tout premier plan, en synergie avec les autres métiers du groupe ».
Ces opérations, indiquent-on, pourraient être menées « d’ici la fin de l’année » et prévoient la cession totale des parts du groupe dans ses filiales locales africaines : Société générale Congo, Société générale de banques en Guinée équatoriale, Société générale Mauritanie et Société générale Tchad, actuellement détenues respectivement à 93,5 %, 57,2 %, 95,5 % et 67,8 % par Société générale.
D’autres facteurs
Au-delà des difficultés liées à la rentabilité et aux indicateurs financiers, d’autres facteurs, économiques mais aussi géopolitiques, sont pointés pour expliquer le désengagement des grandes banques françaises et britanniques sur le continent africain. Pour le cas de la France, il y a la perte d’influence économique en Afrique, l’une des principales raisons avancées par les experts. L’autre explication est à rechercher du côté de la forte concurrence qui prévaut désormais, en Afrique, avec la Chine, la Turquie et d’autres acteurs qui investissent aussi le secteur bancaire.
Sans compter l’avènement de champions bancaires africains, marocains, égyptiens, nigérians, ou sud-africains, tels que les marocains Attijariwafa bank, Bank of Africa, Banque populaire, ou Coris Bank du Burkina Faso, les anglophones de First Bank, Standard Bank Group, Absa Bank, le panafricain Ecobank, le nigérian United bank for Africa, ou Oragroup.
Jusqu’à présent, la Société générale a maintenu coûte que coûte le cap de sa présence en Afrique, au travers notamment de Grow With Africa (« croître avec l’Afrique ») sa stratégie africaine basée sur une croissance organique et non plus sur les seules acquisitions.
Avec le Point