Juste à la sortie de la crise de la chute des produits des matières premières, survenue dans la seconde moitié de l’année 2014, le Gabon est de nouveau retombé dans deux chocs économiques sans précédents.
Le premier est lié à la crise de la Covid -19 en 2020, alors que le pays renouait avec des prévisions de forte croissance économique portée notamment, par la production de pétrole et de manganèse. En effet, prévue à 3,4 % avant la Covid-19, le Gabon est entré en récession, avec une croissance de -1,8 % en 2020.
Une conséquence mécanique des mesures restrictives mises en œuvre pour lutter contre la pandémie. Lesquelles ont eu pour conséquences, la hausse du chômage, la baisse significative de la mobilisation des recettes intérieures, suivie d’une baisse des exportations et des Investissements directs étrangers (IDE), entrainant de ce fait, un important déficit budgétaire.
‘’ Un malheur ne vient jamais seul ’’
Comme si la crise de la Covid ne suffisait pas, la crise Russo-ukrainienne est venue apporter son flot de douleurs à cet océan de calamités. Les répercussions de l’invasion de l’Ukraine ont entravé la croissance économique du Gabon. Son impact le plus palpable est la confrontation des ménages à la hausse des prix alimentaires depuis début 2022, alors que le taux d’inflation atteignait 4,3 % pour la même année.
Pour juguler cette nouvelle crise, le pays a pris des mesures pour lutter contre la hausse du coût de la vie, notamment avec un plafonnement temporaire des prix pour 48 produits de consommation importés d’octobre 2022 à mars 2023. Un nouveau ministère dédié à la lutte contre la hausse du coût de la vie a aussi été créé en janvier 2023.
« Le roseau plie mais ne rompt pas »
En dépit de tous ces facteurs, l’économie du Gabon se redresse progressivement, soutenue par la bonne performance des secteurs pétrolier, minier et du bois. La levée, en mars 2022, des restrictions liées à la pandémie a également contribué à la croissance du secteur des services. Dans l’ensemble, les perspectives de croissance économique à court terme restent favorables. Le PIB est estimé à 3,3 % en 2022 et 3,4 % en 2023, reflétant un secteur non pétrolier dynamique (agriculture, bois et mines) table la Banque africaine de développement.
Avec la hausse des prix du pétrole et les réformes engagées dans le cadre du programme du FMI, le solde budgétaire devrait s’améliorer progressivement pour aboutir à des excédents de 2,3 % du PIB en 2022 et 3,4 %, en 2023. Cela, grâce à ce redressement progressif, la dette publique s’est réduite en 2022, représentant 52 % du PIB, par rapport aux 60,7 % enregistrés en 2021, avant de décliner progressivement à 56,7% d’ici 2026, selon la dernière analyse de la viabilité de la dette publiée par le FMI en juillet 2022. Autrement dit, elle est estimée soutenable et ses risques atténués.
De son côté, la Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur (Coface) reste aussi relativement dithyrambique sur l’économie gabonaise. Elle soutient à cet effet que les confortables redevances générées par les prix élevés du pétrole, une meilleure mobilisation des recettes non-pétrolières et la maîtrise des dépenses courantes permettront de conserver l’excédent budgétaire, apparu en 2022, en 2023.
« L’essor des recettes pétrolières a accru l’excédent commercial et permis de dégager un excédent courant en 2022, l’emportant sur le renchérissement des importations alimentaires et l’augmentation des rapatriements de leurs bénéfices par les sociétés étrangères, alors que le déficit des services persistait. Le tassement des recettes pétrolières devrait provoquer l’effet inverse en 2023, malgré l’assagissement des importations et des rapatriements de bénéfices, ainsi que la progression des recettes tirées du bois et du manganèse. Le déficit sera aisément financé par les IDE (environ 5% du PIB en 2022), notamment dans les projets accompagnant la diversification, compenseront la baisse des investissements publics contraints par une politique d’assainissement budgétaire » conclu Coface. Et qui comme dirait donc de cette économie gabonaise, sur une sagesse du poète français, La Fontaine, « Le roseau plie mais ne rompt pas ».