Selon le Fonds monétaire international (FMI), la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) profite largement du choc positif des termes de l’échange au milieu des retombées de la guerre de la Russie en Ukraine. Ce qui favorise une progressive reprise économique post-pandémique. Avec à la clé, une croissance du PIB réel qui devrait atteindre 3,4 % en 2022, principalement soutenue par les prix élevés du pétrole et la levée des mesures de confinement liées au Covid-19.
De l’avis des experts du Fonds, les réserves extérieures ont commencé à se constituer (bien qu’encore en deçà du niveau souhaité), les réserves brutes devant atteindre 3,5 mois d’importations potentielles à la fin de 2022. Cela, grâce à la hausse des recettes d’exportation de pétrole et à des politiques monétaires plus strictes.
En outre, l’assurance de politique régionale sur les avoirs extérieurs nets (AEN) pour fin juin 2022 (2,81 milliards d’euros) a été respectée avec une bonne marge (378 millions d’euros). Les pressions inflationnistes mondiales se sont répercutées sur les prix intérieurs, l’inflation régionale devant atteindre 4.
Le FMI se réjouit également du fait que les autorités régionales ont resserré la politique monétaire et normalisé la réglementation prudentielle en 2022, tout en continuant à faire avancer le programme de réformes. La Banque centrale (BEAC) a augmenté son taux directeur trois fois en moins d’un an, pour répondre aux pressions inflationnistes et soutenir les niveaux de réserves.
En outre, la politique monétaire a renforcé son cadre de gestion des liquidités, réduisant régulièrement les injections hebdomadaires de liquidités à son guichet des opérations monétaires, mettant fin aux trois opérations d’injection de liquidités à long terme à leur maturité et revenant progressivement au cadre de gestion des liquidités d’avant la Covid.
Pour sa part, la Commission bancaire (COBAC) a normalisé la réglementation prudentielle, mettre fin à l’abstention prudentielle temporaire liée au Covid comme prévu en juillet 2022 et augmenter le coussin de conservation des fonds propres de 50 points de base à 2,5 %. La Commission de la CEMAC a achevé ses consultations régionales de surveillance pour les six pays membres en juillet 2022, après la reprise post-Covid en avril 2022.
Dans l’ensemble, le FMI table sur des perspectives globalement positives pour 2023. Lesquelles seront portées par les prix élevés du pétrole, la levée des mesures de confinement liées à la Covid-19 et l’hypothèse d’une gestion prudente continue de la manne pétrolière dans le contexte des programmes et des conseils politiques soutenus par le FMI.
S’agissant de l’inflation, elle devrait ralentir à 3,3 % en 2023 et revenir en dessous du critère de convergence de 3 % à partir de 2024, car la politique monétaire devrait rester suffisamment restrictive pour ancrer fermement les anticipations d’inflation et soutenir la position extérieure.
Le Fonds marque tout de même un bémol. Ces perspectives sont cependant soumises à des vents contraires et à des incertitudes accrues, résultant de la vulnérabilité élevée de la dette, des risques de pressions inflationnistes persistantes, de la perspective d’un resserrement continu des conditions financières mondiales et des problèmes de sécurité régionale, notamment.
À moyen terme, la croissance devrait augmenter progressivement pour dépasser 3,5 %, principalement en raison d’un rebond plus fort du secteur non pétrolier, car les réformes visant à améliorer la gouvernance, la transparence et le climat des affaires devraient progressivement porter leurs fruits.
Les prix élevés actuels du pétrole, s’ils se maintiennent, contribueront à reconstituer les réserves budgétaires et extérieures, ainsi qu’à réduire considérablement les niveaux d’endettement d’ici 2024, à condition que les politiques budgétaires restent prudentes.
Enfin, conclut le FMI, la dette publique devrait baisser à près de 40 % du PIB d’ici 2026, contre environ 53 % du PIB en 2022. Après s’être améliorée en 2022, le solde du compte courant devrait tomber à -1,2 % du PIB en 2023, et à environ -3 % du PIB à moyen terme. Les réserves brutes devraient atteindre environ 4 mois et demi d’importations potentielles d’ici 2026,