« Comment contribuer au développement de l’agriculture africaine ? ». La question était au cœur de la deuxième Conférence mensuelle des ambassadeurs africains de Paris (CMAAP II), le 23 mars 2022.
Cette rencontre a posé un constat clair : Que faire pour que chaque pays du continent, puisse retrouver et assurer sa souveraineté alimentaire ? A l’entame de ces assises, Alfred Mignot, directeur de l’AfricaPresse.Paris (APP) et producteur de la conférence est allé droit but, en appelant les participants à apporter des esquisses opérationnelles d’action a deux principales préoccupations.
La première consistait à trouver des pistes pour réduire la dépendance de l’Afrique en matière agricole et assurer à l’avenir sa souveraineté alimentaire. Tandis que la seconde, portait sur l’aide à apporter au continent, dont la population déjà extrêmement jeune va doubler d’ici à 2050, à donner du travail et de quoi se nourrir à tous ses habitants.
Le choix du thème, « Comment contribuer au développement de l’agriculture africaine ? », n’était donc pas fortuit. Au contraire, il trouvait tout son intérêt, sur les conséquences actuelles, point de vue alimentaire, de cette guerre.
En effet, a souligné M. Mignot, ce conflit a, en effet révélé la cruelle « dépendance » africaine aux importations, notamment de blé. D’où l’urgence de poser les bases d’une future sécurité alimentaire. Il s’agissait donc, selon lui, de plancher sur les leviers à activer pour contribuer au développement de l’agriculture africaine.
Invitée d’honneur à cette deuxième Conférence des ambassadeurs africains de Paris, Liliane Massala a fait une intervention par vidéo, à l’adresse des panélistes et des nombreux participants, une centaine en présentiel et plus de 400 en ligne.
Dans son intervention, la diplomate gabonaise a dit toute l’importance que son pays attache au secteur agricole, avant d’exposer ses faiblesses. Selon elle, le secteur agricole de son pays reste insuffisamment développé, malgré les 800 km de côtes et les différents types de culture.
Néanmoins, a-t-elle relevé, des programmes ont été mis en œuvre pour tenter de remédier à la situation. Elle a par exemple cité le programme Gabonaise des réalisations agricoles et des initiatives des nationaux engagés (Graine), lancé en décembre 2014, en coopération avec le groupe singapourien Olam.
Pour rappel, ce programme visait à la création de coopératives agricoles industrielles dans cinq provinces du pays. Cela, afin d’améliorer la production (banane, manioc, piment, tomate et huile de palme), ou la relance de fermes agropastorales.
Sur le même registre, elle a également indiqué que le Gabon entend renforcer sa souveraineté alimentaire et développer des filières exportatrices. Cela, grâce à l’augmentation des surfaces cultivées et à la transformation de la ressource halieutique, comme le thon.
De son côté, André-Magnus Ekoumou, son homologue camerounais s’est montré très acerbe. « Il ne fallait pas attendre ces deux crises majeures que sont la pandémie de Covid 19 et la guerre en Ukraine pour pouvoir commencer à résoudre le problème, car la sécurité alimentaire est au cœur de nos préoccupations, en ce qui concerne particulièrement le Cameroun qui importe pour près de 800 milliards FCFA de denrées alimentaires », a –t-il souligné.
Avant d’attirer l’attention des participants sur la crise de 2008 et les « émeutes de la faim » qui ont eu lieu dans une bonne partie des pays d’Afrique. Pour le diplomate camerounais, il s’agit donc d’un constat d’insuffisance.
Rappelant au passage que l’agriculture est la véritable richesse du continent. Selon lui, la terre ne trahit jamais. Le diplomate camerounais reconnaît clairement que l’agriculture, composante majeure de la transformation de l’économie camerounaise, ne suffit malheureusement pas à satisfaire complètement les besoins des populations.
Malgré tout, en livrant quelques statistiques, il a décrit la place qu’occupe le secteur dans son pays. Lequel occupe 62 % de la population active et représente un tiers du PIB (Produit intérieur brut) hors pétrole.