La croissance économique dans les pays riches en ressources a augmenté au cours du dernier boom des prix des matières premières (sur la période 2004-2014), entrainée par les revenus de l’exportation de ressources. Cependant ces pays ont vu leur performance économique s’effondrer par la suite, car la volatilité des prix des matières premières a compromis les progrès en matière de développement réalisés pendant les périodes de forte hausse (Figures 1 et 2). La baisse de la croissance du PIB par habitant a été particulièrement marquée dans les pays de la CEMAC.
Les pays de la CEMAC, tout comme de nombreux autres en Afrique subsaharienne, n’ont pas réussi à transformer les revenus des ressources naturelles en formes productives de capital, notamment le capital humain et physique, qui sont des composantes essentielles de la croissance économique. La croissance de la richesse totale par habitant était plus faible dans la région de la CEMAC, tant en comparaison avec d’autres pays d’Afrique subsaharienne riches en ressources qu’avec ceux qui n’ont pas de ressources naturelles importantes.
L’épargne nette ajustée de la CEMAC (en pourcentage du revenu national brut) était, en moyenne, négative, ce qui indique que les pays de la région épuisaient leurs ressources naturelles sans les convertir efficacement en d’autres formes de capital.
Au terme de la dernière période d’envolée des prix des matières premières, les inégalités n’avaient pas diminué dans de nombreux pays riches en ressources, alors qu’elles avaient diminué dans la plupart des pays pauvres en ressources.iiDe plus, le taux de pauvreté (fixé à 2,15 dollars) est resté durablement plus élevé dans les pays de la CEMAC par rapport aux pays riches en ressources d’Afrique subsaharienne et à leurs homologues pauvres en ressources. Les récentes projections de la Banque mondiale prévoient une réduction progressive du taux de pauvreté en Afrique subsaharienne jusqu’en 2030. Cependant, l’écart dans le taux de pauvreté entre les pays riches en ressources et les pays non riches en ressources d’Afrique subsaharienne devrait rester significatif, à environ 5 points de pourcentage (Figure 5).
Alors que le monde connaît une nouvelle période de prix élevés des matières premières, les pays de la CEMAC peuvent tirer de précieuses leçons des précédents booms des matières premières et mettre en œuvre des politiques appropriées pour éviter la malédiction des ressources et obtenir des résultats de développement plus favorables.
Les pays riches en ressources de la CEMAC devraient se concentrer sur la transformation des ressources naturelles en d’autres formes de richesse, c’est-à-dire utiliser les ressources naturelles pour investir dans le capital physique, le capital humain et les institutions (ou le capital immatériel), dans le but d’obtenir un meilleur équilibre entre les ressources naturelles et les autres actifs.
Des institutions efficaces sont essentielles pour aider les pays dépendants des ressources à échapper à la malédiction des ressources. Ainsi, le Botswana et le Chili sont des exemples de réussite parmi les pays en développement grâce à des politiques économiques solides et une gestion économique prudente, y compris dans la gestion de la richesse en ressources et la rupture du cycle des politiques budgétaires procycliques.
Les réformes en cours dans le cadre du deuxième programme de réformes économiques et financières de la CEMAC (PREF-CEMAC II) sont une étape bienvenue. Les institutions de la CEMAC et les États membres ont progressé dans le programme de réformes, notamment dans la mise en œuvre de stratégies d’inclusion financière et la promotion de la diversification économique, mais il reste encore beaucoup à faire. La mise en œuvre efficace et en temps opportun des politiques prévues dans le PREF-CEMAC II reste essentielle pour favoriser une trajectoire de croissance plus forte, durable, favorable aux pauvres et inclusive, et plus diversifiée en Afrique centrale.