Le ministère des Eaux et Forêts, de la Mer, de l’Environnement chargé du Plan climat et du Plan d’affectation des terres, à travers la Direction générale de la faune et des aires protégées (DGFAP), en partenariat avec l’Agence nationale des parcs nationaux (ANPN) et l’ONG, Space for Giants (SFG) a organisé une conférence de presse le 25 juillet dernier, axée sur « la gestion du Conflit – homme-éléphant (CHE) au Gabon : La solution des clôtures électriques mobiles ».
Cette sortie médiatique a suscité un vif intérêt, aussi bien de la part des intervenants que des participants. Car, elle a permis de savoir davantage, sur les enjeux et les spécificités et de mieux apprécier l’approche gouvernementale mis en œuvre pour combattre ce fléau.
D’abord sur sa nature. Il convient à cet effet de noter que le conflit homme-faune (CHF) est la cohabitation conflictuelle entre l’homme et la faune pour des raisons d’occupation de l’espace ou d’accès aux ressources naturelles. Et que plusieurs espèces sont à l’origine de ces conflits mais, au Gabon, le Conflit homme-éléphant est le plus récurant.
En effet, ont déploré les différents intervenants, les éléphants occasionnent des dégâts les plus impactant en zone rurale. Ajoutant un triste bilan selon lequel, « Depuis plus de 10 ans, le CHE a pris une dimension nationale, avec des plaintes venant de toutes les provinces du pays ».
Face à ce qui pourrait désormais être classé au rang de calamité, le chef de l’Etat, Ali Bongo a pris le dossier à bras le cops. En juillet 2021, il a instruit le gouvernement d’organiser des concertations provinciales à travers les 9 provinces du pays en prélude aux assises nationales sur la gestion du Conflit homme-faune dans sa globalité. Ces concertations ont permis de recueillir les avis des populations sur les causes potentielles de ce fléau et d’apporter des pistes de solutions adaptées aux réalités et aux besoins ruraux.
En vue de valider et adopter le plan d’action national et la feuille de route pour la gestion de ce Conflit homme-éléphant, le gouvernement a organisé, en décembre 2021, lesdites assises au terme desquelles, plusieurs recommandations ont été formulées et adaptées.
Il s’agit entre autres : de l’intensification de l’installation des clôtures électriques, l’octroi d’une assistance financière. Cela, afin de compenser les 12000 cas de dévastation de cultures enregistrés dans la base de données du ministère des Eaux et Forêts entre 2016 et 2021 et l’opérationnalisation des battues administratives.
Un nombre considérable de réclamations
De 2016 à 2023, les agents du ministère des Eaux et Forêts ont recensé plus de 14 000 plaintes liées à des dévastations de cultures causées par les éléphants émanant des neuf provinces du pays.
En outre, environ 31% des personnes interrogées dans le cadre d’une enquête socio-économique rapportent que les attaques des éléphants sont quotidiennes. Durant la période de 2020 à 2023, 25 personnes victimes d’agression physique par les éléphants ont perdu la vie.
Autrement dit, malgré la rudesse de la besogne, le gouvernement gabonais ne ménage aucun effort pour mettre en œuvre les recommandations formulées par les populations, afin d’améliorer les conditions de vie des communautés locales, lutter contre la pauvreté, et concilier la sécurité alimentaire et la conservation de la faune. En clair, le Conflit homme-éléphant charrie une problématique à la fois, économique, social et environnementale.
Du point de vue économique
Le CHE a un impact significatif sur les moyens de subsistance des communautés locales dont l’ensemble des moyens de subsistance dépendent de l’agriculture. Ce fléau entraîne des pertes de revenus financiers importantes. Le ravage des cultures vivrières diminue la productivité agricole et entraîne la famine. Il entrave ainsi les efforts visant à réduire la pauvreté.
Du point de vue social
Le CHE cause de graves préjudices aux populations locales : destruction des champs et cultures, perte de récoltes, dégâts sur les habitations et les infrastructures de base. Dans des cas extrêmes, les rencontres en forêt avec les éléphants occasionnent des agressions physiques tels que des blessures et conduisent, quelquefois, à des pertes en vies humaines.
Impact environnemental
Bien que le Gabon soit l’un des pays les plus fortement engagés dans la gestion durable de la biodiversité et que les efforts de conservation réalisés au cours des deux dernières décennies aient donné des résultats positifs (création de 13 parcs nationaux couvrants 11% du territoire et d’un réseau de 20 aires marines protégées couvrant 26% de l’espace marin), le CHE défie les efforts de conservation entrepris par le Gabon.