Le Gabon veut s’inspirer de l’exemple du Cameroun en matière de gestion de son port de Douala-Bonabéri par les nationaux. Le 1er octobre 2023, Cyrus NGO’O, Directeur Général du Port Autonome de Douala (PAD), a reçu Martin Boguikouma, Directeur Général de l’Office des Ports et Rades du Gabon (OPRAG). « La délégation Gabonaise est venue s’imprégner de l’expérience camerounaise dans la gestion d’un port par les nationaux, les procedures en matière d’exploitation portuaire, et les innovations techniques», a expliqué l’hôte camerounais. Un choix qui est fait conformément aux objectifs de l’Association de gestion des ports d’Afrique de l’Ouest et du Centre (AGPAOC).
Qui du modèle de gestion du Port Autonome de Douala
Initié en fin 2019, à la faveur du décret du 24 janvier 2019 portant réorganisation du Port Autonome de Douala, c’est finalement en 2020 que le processus de nationalisation des activités du port de Douala-Bonabéri prend effectivement corps. D’abord avec la mise à l’écart de Douala International Terminal (DIT) filiale du groupe Bolloré sur le terminal à conteneurs. Ensuite avec la reprise progressive et rapide des activités de remorquage, de dragage et de lamanage, pour ne citer que celles-là.
À ce jour, le Port Autonome de Douala a créé quatre filiales, dont la Douala Port Security (DPS), qui assure la sécurité sur l’ensemble du combinat portuaire. Que peut gagner le Gabon en reprenant la recette du Port Autonome de Douala ? Plusieurs choses. L’augmentation des revenus tirés des activités portuaires, et la valorisation des compétences locales.
Cas pratique
Avec la nationalisation des activités au Port de Douala-Bonabéri, l’autorité portuaire de Douala n’a pas que remis aux camerounais la gestion des activités portuaires. Elle a aussi et surtout nationalisé l’ensemble des revenus issus de ces activités.
Pour mesurer l’Impact financier de cette nationalisation des activités, il faut aller à la Régie du Terminal à conteneurs (RTC). Fille aînée des filiales du Port Autonome de Douala, c’est aussi pour son contrôle que le PAD a mené la bataille la plus longue et difficile contre son ancien concessionnaire.
Entre 2020, année de la reprise en main des activités au terminal à conteneurs et 2023, les redevances versées au Port Autonome de Douala (PAD) ont progressé de 21%. Passant de près de 15,082 milliards de FCFA à plus de 19,1 milliards de FCFA.
Devenue société anonyme en 2022, elle a clôturé l’année 2023 avec un chiffre d’affaires de 57,108 milliards de FCFA. Réagissant à ces données, Lin Dieudonné ONANA NDOH, Directeur de la RTC, avait relevé l’ecart entre les activités de la RTC et celle de l’ancien concessionnaire.
Selon lui, « La RTC s’acquitte régulièrement du payement de ses impôts et des redevances portuaires. A titre illustratif, en quatre ans, nous avons reversé au PAD les redevances et sa quote-part de pénalités de stationnement pour un montant cumulé de Fcfa 69 285 231 533. Soit 3,7 fois ce que reversait l’ex concessionnaire ».
Pour sa part, ajoute Cyrus NGO’O, « … pour la première fois depuis une quinzaine d’années, l’entièreté des revenus de l’exploitation de notre Terminal à Conteneurs, outil de production de richesses dans un port, est restée dans le circuit économique national ». Autrement dit, avoir une volonté politique, confier le projet à des hommes compétents et courageux, adopter une stratégie de communication bien élaborée, telles sont les recettes que pourrait copier le Gabon.