Financée par la Banque africaine de développement (BAD) et l’Union européenne (UE) à hauteur de 33 millions d’euros, cette infrastructure a pour but de réduire la fracture numérique et d’accélérer le développement économique du pays. La RCA investit ainsi l’ère du numérique grâce à des infrastructures de dernière génération.
Mamady Souare, responsable-pays pour la République centrafricaine à la Banque africaine de développement, se réjouit de cette initiative. « Ce projet est une nouvelle dimension de désenclavement, cette fois-ci numérique. Nous y avons contribué en interconnectant le pays avec ses voisins en même temps que de déployer des centres numériques. Il ne manquait que la République centrafricaine pour compléter la boucle numérique dans la sous-région. Nous posons les bases d’un véritable développement du digital dans le pays. »
L’une des réalisations concrètes de cette opération est la mise en place d’un centre de formation numérique à l’université de Bangui. Ouvert récemment, cet espace propose des formations variées, un accès à des ordinateurs, des imprimantes 3D et des ateliers personnalisés pour apprendre aux jeunes à exploiter le potentiel de la fibre optique et donner vie à leurs projets. « Ce centre offre une opportunité unique aux étudiants de se connecter à internet à moindre coût. La fibre optique est un véritable bijou pour nous », déclare avec fierté Arc-ange Geoffroy Ouele-Nza-Bana Zacko, responsable logistique et de gestion du patrimoine à l’Agence Centrafricaine du développement digital et enseignant à l’université de Bangui.
Grâce aux formations qu’ils peuvent suivre sur place ou en ligne, ce nouvel espace de travail permet aux étudiants de transformer leurs idées en réalités concrètes. Junior en est le parfait exemple. Hors des heures de cours, il se consacre à son projet personnel : un robot humanoïde nommé « Mama Africa », entièrement fabriqué à partir de matériaux recyclés. Conçu pour sensibiliser et éduquer sur la culture africaine et la lutte contre le réchauffement climatique, « Mama Africa » dépend exclusivement de la connexion internet à haut débit pour fonctionner.
« Avant, avec la pluie, le débit était faible. Maintenant, grâce à la fibre optique, nous avons une connexion stable et rapide, même en cas d’intempéries. De plus, nous pouvons connecter « Mama Africa » au réseau en ligne, ce qui permet à chacun d’interagir avec elle, où qu’il soit », explique Junior avec enthousiasme.
« Dans une première phase depuis 2023, le débit offert à la population a été multiplié par 3 passant de 3 Gbps à 10 Gbps », a déclaré Arc-ange Geoffroy Ouele-Nza-Bana Zacko. Ce n’est qu’un début. La dorsale optique Centrafricaine est dimensionnée pour monter en puissance et fournir, avec le temps, des débits bien plus élevés. Objectif : mieux connecter la population et accélérer le chantier de la digitalisation de l’administration centrafricaine. Cela sans oublier le potentiel considérable du trafic de transit au regard de la position géostratégique du pays, à la confluence des façades orientale et occidentale du continent.
« Aujourd’hui, le débit offert à la population permet d’accéder à de nombreux services inaccessibles jusque-là faute de débit Internet suffisant, comme par exemple les streamings audio et surtout vidéo ; ouvrant ainsi un nouveau champ de possibles pour un grand nombre de jeunes qui souhaitent entreprendre et innover », renchérit Samatar Omar Elmi, le chef du projet à la Banque africaine de développement.
L’arrivée de la fibre optique est un accélérateur d’innovation. Elle propulse ainsi la Centrafrique vers un avenir fait de progrès et d’ouverture sur le monde. « Aujourd’hui, nous avons des jeunes capables de développer des applications et de réaliser des projets que nous n’aurions pas imaginés à notre époque », lance Arc-ange. Confiant, il considère le déploiement de la fibre comme « une source de joie et de fierté » et anticipe que « les avancées technologiques continueront de s’améliorer, dessinant de nouvelles perspectives pour le pays. »
Avec la BAD