Face au lancinant retard à l’allumage consécutif à la parution de mon livre en gestation intitulé : « Annales des épreuves et corrigés de rédaction administrative, le talent d’art d’écrire », aux Editions Sylvie NTSAME, je suis sans cesse persécuté par deux questions récurrentes provenant de mes anciens apprenants, à savoir :
- Qu’est-ce que la rédaction administrative ?
- Quelle est l’importance de la rédaction administrative ?
Par le truchement de la présente rubrique estampillée : « Quid des interrogations rédactionnelles sporadiques ? »que nous envisageons comme étant une sorte de veille rédactionnelle, un avant-gout du festin rédactionnel en perspective, je vais m’atteler, autant que faire se peut, à donner une réponse à ces deux sempiternelles questions.
A – Qu’est-ce que la rédaction administrative ?
De façon ramassée, la rédaction administrative est tout simplement la manière par laquelle l’administration avec grand « A » , exprime par écrit sa pensée. Cette manière particulière d’écrire reconnue à l’administration est manifestée à travers la présentation les lettres sous toutes leurs formes, les notes, les rapports, les comptes-rendus, les décrets, les ordonnances etc. C’est une rédaction qui se veut différente des autres rédactions en ce qu’elle promeut un style propre appelé style administratif. C’est pourquoi la présentation d’une lettre administrative, dans sa forme ainsi que dans son fond, ne saurait être la même qu’une lettre mondaine.
Tout simplement parce que le rédacteur d’une lettre administrative est détenteur des prérogatives de la puissance publique qu’il incarne, il est lui-même puissance publique. Par conséquent, il doit mettre en exergue à la fois le sens des responsabilités et une gestion objective et rationnelle de son autorité. L’écrit administratif, quel qu’il soit, doit en être empreint. Dans sa densité phraséologique et dans sa portée, la phrase administrative ou alors l’écrit administratif doit refléter, à la lettre ainsi qu’à l’esprit, la quintessence de ces deux citations.
L’une est de Yolande Ferrandis, laquelle estime que l’écrit administratif dans son exigence de clarté, de précision et de concision impose son rédacteur à une recherche de termes précis en vue d’une démonstration rigoureuse sans toutefois tomber dans une sorte de verbalisme afin de donner au texte « le maximum de sens dans un minimum d’espace ». Dans le même ordre d’idées, Robert Catherine écrira « l’art majeur est donc de ne point sombrer dans le verbalisme et de savoir donner à la phrase le maximum de sens avec le minimum de moyens ».
D’ailleurs, à titre d’illustration, pour magnifier la spécificité du style administratif, le dernier auteur précité, un écrivain de renom, Directeur-fondateur de la Revue administrative et Membre du Conseil international de la langue française, dira à juste titre que « l’Administration a et aura toujours une manière particulière d’écrire et d’exprimer sa pensée ». En somme, la rédaction administrative est d’une importance capitale dans le déploiement de l’action administrative.
B – Quelle est l’importance de la rédaction administration ?
Par souci de clarté, il importe de donner préalablement une définition de l’administration avant de dire un mot sur la rédaction qui s’y rattache. En effet, l’administration désigne un ensemble d’organismes classés de façon hiérarchique, de l’Etat (ministères) aux collectivités territoriales (Préfets) ainsi que leurs établissements publics (universités, agence nationale des bourses du Gabon). Ceci étant, il va de soi que l’importance de la rédaction administrative est implacable dans l’univers administratif. Deux citations d’essence administrative illustrent à merveille l’importantissime de cette dernière, à savoir :
- « L’administration est écrite, elle n’est pas orale ».
- « Il n’y a pas d’intérim sans texte ».
A y regarder de près, autant la première citation se comprend aisément en ce qu’elle affirme sans équivoque la prééminence de l’écrit dans l’univers administratif. Il n’en demeure pas moins que la deuxième citation, elle aussi, place l’écrit administratif comme condition sine qua none pour assurer un intérim lorsqu’il y a vacance d’une fonction. Etant entendu que l’intérim est, en droit du travail, le temps pendant lequel une fonction est assurée par un remplaçant pendant l’indisponibilité du titulaire. Cet intérim doit comporter un support juridique appelé note d’intérim. C’est la justification ou alors le bien-fondé de cette deuxième citation dont la portée pratique est indéniable dans le déploiement quotidien de l’action administrative. Étant entendu que l’intérim se justifie par la nécessité d’assurer la continuité du service public ou alors de l’administration.
Aux nombreux destinataires de la présente rubrique, à travers cette réponse à vos deux questions, sommaire soit elle, j’ose croire que votre soif de connaissances en matière rédactionnelle sera un tant soit peu, assouvie. Il s’agit, entre autres de :
- mes anciens étudiants de l’IUSO où j’ai fait mes premiers pas en tant qu’enseignant-vacataire en 2015 grâce à l’entremise bienveillante de Dr Michel MVE ;
- ceux de l’Ecole Supérieure de la Mer (ESM) ;
- des participants au séminaire sur le renforcement des capacités en rédaction administrative des agents du ministère des transports, organisé à l’auditorium de l’IEF du 21 au 22 juin 2023 ;
- des participants au séminaire d’imprégnation organisé à l’intention des Délégués extérieurs et intérieurs ANBG nouvellement mis en place, à la salle polyvalente du 2 au 4 avril 2024.
Il est à noter opportunément qu’à l’instar de la précédente, la hiérarchie actuelle de l’ANBG, a bien voulu me refiler le volet relatif au renforcement des capacités rédactionnelles des agents nécessiteux de ladite administration. Somme toute, en attendant le « festin rédactionnel », merci encore pour votre patience et vos encouragements.
Abîme té.
Albert NNA AZELE, Inspecteur Général des Finances
A Bibaga, chez les ESSAKORA, mes oncles, j’ai divers noms :
- Nna bikalbo ;
- Éname gnô ;
- Abeulkeuk tsit me kôm