Le président Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA a choisi la France pour son premier déplacement en Europe et a été reçu le 31 mai dernier, par le président Emmanuel MACRON à l’Élysée. C’est donc dire que la France reste un partenaire privilégié pour votre pays ?
Mays MOUISSI : La France est un partenaire. C’est même notre premier partenaire commercial avec 25 % de part de marché, mais il n’y a pas de partenaires privilégiés. Nous nous adressons à tous nos partenaires de la même façon. La France est un partenaire important, car les entreprises françaises au Gabon emploient 12 500 personnes, soit à peu près 15 % de l’emploi du secteur formel local, et sont présentes aussi dans des secteurs stratégiques pour nous. Nous traitons donc avec elles, sans pour autant leur donner d’exclusivité, et nous offrons les mêmes opportunités à d’autres pays en Europe, en Amérique comme au Moyen-Orient ou en Asie. On ne chasse personne du Gabon, mais on accueille tout le monde.
En d’autres termes, vous voulez diversifier vos partenariats ?
Le partenariat renouvelé que nous voulons est un partenariat dans lequel l’État gabonais gagne et tous nos partenaires aussi. Il y a chez nous suffisamment de place pour tout le monde. Nous, ce que nous voulons, c’est densifier les investissements que nous accueillons et, une fois ceci réalisé, tous les partenaires sont les bienvenus, dès lors qu’ils respectent nos lois et s’alignent sur la stratégie que nous avons définie.
Nous voulons diversifier les partenaires économiques comme nous voulons diversifier l’économie nationale. Nous voulons faire les deux et cela passe par des partenariats solides et différents qui nous permettent de maîtriser le maximum de financements pour les projets qui structurent notre stratégie et notamment le Plan national de développement (PND).
Plus de six cents participants à ce 1er Forum économique Gabon – France. C’est une très belle réussite. est-ce pas la preuve de l’attractivité du Gabon nouveau ?
C’est parfaitement exact. Nous essayons d’implémenter un certain nombre de réformes et de rendre plus attractif notre pays pour y attirer des investissements de partenaires étrangers et renforcer des investissements de qualité. Organisé par la Fédération des Entreprises du Gabon (FEG) en partenariat avec le MEDEF International et mon Ministère bien sûr, ce premier Forum nous a permis de nous adresser aux investisseurs français désireux de prendre des risques, notamment dans notre pays, et d’accompagner le mouvement de renouveau qui a été initié le 30 août dernier par le Président OLIGUI NGUEMA.
À la tête d’un ministère stratégique, quelle est votre priorité pour relancer l’économie du pays ?
C’est le chômage qui m’empêche de dormir. Car, un tiers de la population est aujourd’hui sans emploi ! Nous essayons de lutter contre le chômage, nous essayons de lutter contre la pauvreté et la corruption. Pour cela, il faut créer de la croissance, une croissance qui soit inclusive de façon à ce que les fruits de la croissance soient équitablement redistribués entre toutes les couches de la population. C’est uniquement comme cela que nous parviendrons à réduire la pauvreté et le taux de chômage.
Quels secteurs peuvent intéresser les investisseurs français tentés par le Gabon ?
L’État gabonais n’a pas vocation à tout faire pour redresser l’économie du pays. Nous comptons donc sur le secteur privé et les investisseurs étrangers. Le choix est grand : les mines, avec le manganèse et bien d’autres minerais, les hydrocarbures puisque nous avons les plus grandes réserves de pétrole d’Afrique centrale, les infrastructures – qu’elles soient routières, hôtelières et hospitalières – mais aussi bien entendu l’agriculture et le tourisme qui sont des secteurs vraiment stratégiques pour nous.
Un dernier message à l’adresse des Français ?
N’ayez pas peur de venir au Gabon ! Notre pays est engagé dans une dynamique de renouveau, dans une opération d’assainissement des finances publiques et du paysage économique. Nous disons qu’il est utile de nous faire confiance. Car, nous sommes en train de créer les conditions d’un enrichissement de la population et du Gabon qui permettra de créer des opportunités pour tous ceux qui veulent investir dans notre pays. D’autant plus que, comme vient de le rappeler encore à Paris, le Président OLIGUI NGUEMA, ce qui s’est passé le 30 août dernier dans notre pays n’est pas à proprement parler un coup d’État, mais le « coup de la libération », qui a la particularité de n’avoir fait couler aucune goutte de sang. Le but était de « tourner la page après le règne de soixante ans d’une même famille sur notre pays » et donner naissance au Gabon nouveau, « terre de toutes les opportunités ».
Car tout change au Gabon…
Notre pays est aujourd’hui un partenaire fiable et sérieux avec à sa tête des gens responsables. Ce gouvernement de Transition n’est pas un gouvernement de revanchards. Nous voulons que notre Transition soit principalement économique car la promotion des entreprises gabonaises tient à cœur au chef de l’État. Souvent, quand on arrive ainsi au pouvoir, on veut s’y maintenir, mais je vous le redis ici : la Transition durera deux ans et pas un jour de plus !
Avec AfricaPresse.Paris